Après quatre années de développement, Issygrid, le smartgrid d'Issy-les-Moulineaux, est enfin totalement opérationnel. Retour sur les points forts de ce projet se présentant comme un « conglomérat d'intelligences ».

Voilà maintenant plusieurs années que des villes françaises ont lancé des programmes de réseaux électriques intelligents à l'échelle de quartiers, généralement appelés smartgrids, dont certains arrivent aujourd'hui à maturité. C'est le cas à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), où le programme Issygrid est enfin opérationnel, « le premier en France » selon ses créateurs. Pour rappel, Issygrid a été lancé en 2012 sous a forme d'un partenariat public privé (PPP) rassemblant dix grandes entreprises : Bouygues Immobilier, Bouygues Énergies et Services, Bouygues Telecom, EDF, ERDF, GE Grid Solutions, Microsoft, Schneider Electric, Sopra Steria, et Total, avec la participation de plusieurs start-ups locales et le soutien de la ville d'Issy-les-Moulineaux et de la communauté d'agglomération Grand Paris Seine Ouest. Un « conglomérat d'intelligences », selon la formule d'André Santini, député-maire de la commune. Au contraire de certains écoquartiers totalement nouveaux, la démarche qui anime le projet Issygrid est d'utiliser l'intelligence collective pour optimiser la consommation électrique d'un quartier et de bâtiments existants, avec la possibilité d'élargir la démarche. Ses créateurs le considèrent comme « une vitrine et un laboratoire pour la conception des futurs quartiers à énergie positive et une brique essentielle dans le processus de construction de la ville de demain ».

 

Une démarche extensible

Quatre ans après avoir été initié, ce sont  quatre immeubles de bureaux, 1 000 logements et 2 200 habitants (notamment ceux de l'écoquartier du Fort d'Issy) et 120 000 mètres carrés de bureaux qui sont reliés à Issygrid. À moyen terme, avec l'élargissement progressif de son périmètre, ce sont 1 000 logements et 40 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires qui devraient être raccordés. À ce même réseau sont raccordés de nombreux équipements dits « d'intelligence électrique » permettant de lisser les pointes de consommation et de pratiquer de l'effacement : 1 000 compteurs électriques intelligents Linky, deux systèmes de stockage d'énergie utilisant des batteries de voitures électriques recyclées, un poste de distribution intelligent, trois centrales de production photovoltaïque de toiture accompagnées d'un dispositif de prévision de la production de cette même énergie( destinée à être autoconsommée par les bâtiments), ainsi qu'une « plate-forme de big data de supervision énergétique ».  L'éclairage urbain est également relié au smartgrid.

 

Les utilisateurs, acteurs des économies d'énergie

Là où Issygrid se démarque, c'est qu'il ne se limite pas à l'affichage d'une impressionnante liste de caractéristiques technologiques de pointe. L'utilisateur a été mis au cœur de la démarche, et l'accent a été mis sur la « relation de confiance » à créer. Un travail a été mené conjointement avec la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) afin de trouver la bonne approche, conciliant récolte et diffusion précises des données de consommation et libertés individuelles. La Cnil a donné son feu vert, « une première en France pour un smart grid ». Les habitants des immeubles reliés au réseau ont désormais la possibilité de comparer leur consommation électrique à la consommation moyenne des logements de leur immeuble et du quartier au fil de la journée. Fini le consommateur, place au « consomm'acteur ».

 

Crédit photo : Demain La Ville

 

Boris Beltran

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