Une étude de l'Institut de l'entreprise menée en collaboration avec l’Ifri cible les discussions autour du risque géopolitique et son impact sur les entreprises. L’exemple de Total, avec Patrick Pouyanné, son P-DG.

Conflit larvé entre l’Iran et l’Arabie saoudite, tensions toujours vives entre la Russie et l’Ukraine, crise migratoire en Europe, terrorisme et frictions entre la Chine et le Japon, les risques géopolitiques n’ont jamais été aussi nombreux. Pour les entreprises, la situation est d’autant plus dangereuse que leurs activités sont souvent concentrées autour d’un nombre de pays limité. Ainsi, selon l’étude de l'Institut de l'entreprise menée en collaboration avec l’Institut français des relations internationales (Ifri), les États-Unis, la Chine et la Russie représentent à elles seules 37 % du commerce extérieur de l’Union européenne. Ces pays constituent donc un triangle stratégique qui influe lourdement sur les perspectives économiques de nos entreprises. Pourtant, peu d’entre elles ont mis en place des stratégies adaptées. Les sociétés doivent « être capables de combiner lectures tendancielles et analyses des situations actuelles afin d’être en mesure de gérer les risques potentiels, tout en apprenant à inclure dans leur vision globale une stratégie liée au risque géopolitique », affirme Thomas Gomart, l’ancien directeur stratégie de l’Ifri. Interrogé dans cette étude, Patrick Pouyanné revient sur la stratégie choisie par Total. En voici les éléments clés.

 

1- Sécurité

 

Avec respectivement 50 % et 40 % des ressources pétrolières et gazières au Moyen-Orient, le P-DG de Total insiste sur la nécessité pour le groupe de prendre des mesures pour y faire face à la situation : « Le risque géopolitique pour un entreprise comme Total, c’est d’abord la sécurité et la sûreté de nos équipes. Nous devons évaluer les situations à risque comme nous l’avons fait en 2015 lorsque nous avons évacué nos équipes au Yémen compte tenu de la guerre civile. »

 

2- Vision sur le long terme

 

Outre l’aspect sécuritaire, le fait d’instaurer une vision sur le long terme avec les pays permet de garantir des relations fiables pour pérenniser son activité. « Le maintien de notre activité au Yémen ou des projets d’investissements à hauteur de trente milliards d’euros en Russie, nous permettent d’apporter de la stabilité et de contrer les phénomènes de risques », précise Patrick Pouyanné.

 

3- Prévention

 

D’un autre côté, le groupe dispose d’équipes chargées de prévenir les risques géopolitiques et révèle travailler en collaboration avec les services secrets et l’armée française pour contrer le terrorisme. De plus, si l’entreprise bénéficie de la bonne relation de la France avec les pays producteurs de pétrole, sa taille lui permet également de participer à la construction d’un univers interétatique plus stable. Une position qui favorise le dialogue entre les secteurs public et privé et qui constitue l’une des clés indispensables pour fournir des solutions aux situations à risque.

 

 

Vincent Paes et Richard Trainini

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