En favorisant l’échange, le digital réinvente les modes de création. Pour l’entreprise, l’enjeu est de taille car chaque innovation est une opportunité de nouveaux business. La clé pour réussir ? Savoir bien s’entourer.

Quel est le pire ennemi des directions de R&D ? Le temps. Alors qu’il aura fallu près de soixante-dix ans à l’automobile pour devenir un produit mass market, la tablette n’aura quant à elle eu besoin que de cinq ans. Cette rapidité n’est pas compatible avec les modes traditionnels d’innovation mais la digitalisation et la réorganisation des entreprises permettent de répondre à ce nouveau défi. Finis, les centres de R&D pilotés en amont par la direction. Désormais, les idées doivent pouvoir émerger directement des salariés quel que soit leur département. Pour que cela fonctionne, il faut que les employés puissent s’exprimer librement et faire remonter leurs projets. L’idée de l’intrapreneuriat est de transformer le salarié en acteur de l’innovation. Plus difficile à mettre en place dans les grands groupes, cette vision prend souvent la forme de concours. Les équipes intrapreneuriales sont ensuite chargées de faire décoller des projets stratégiques. La Poste a ainsi instauré un concours « 20 projets pour 2020 » afin de permettre aux salariés de participer au développement et à la transformation de leur groupe. En mettant les employés au coeur de l’innovation, on favorise leur adhésion tout en maximisant les chances de trouver l’idée qui révolutionnera le marché. Cette stratégie ne se limite pas à une démarche interne.

 

Open innovation

 

Pour être plus efficace, les entreprises développent également l’open innovation. L’idée est d’associer ses fournisseurs, sous-traitants et parfois concurrents. Au départ réservée aux groupes informatiques avec une forte culture d’écosystèmes et de partenariats, cette technique s’est rapidement répandue dans tous les secteurs. Cette coopération facilitée par le digital peut prendre plusieurs formes allant d’un projet précis encadré juridiquement à un événement ponctuel réunissant dans un même lieu les différents acteurs. « Notre démarche est d’associer les acteurs de chaque écosystème et de chaque structure au processus. Au niveau international, cette open innovation s’organise notamment autour d’un réseau d’Open labs », explique Gilles Le Borgne, directeur recherche et développement chez PSA. De son côté, La Poste a créé le Lab Postal, rendez-vous annuel où se retrouvent start-up, PME innovantes et collaborateurs de l’entreprise pour construire et exposer des projets innovants. « En novembre dernier, nous avons organisé à travers nos Open labs un événement sur les matériaux et le confort, complète Gilles Le Borgne. C’est l’occasion pour chaque entreprise ou chercheur de venir discuter avec nos experts. » Dans ce nouvel écosystème, les grands groupes regardent avec attention les start-up. Pour autant, il ne s’agit pas pour les grands groupes d’abandonner toutes orientations stratégiques en interne. « Sur les innovations de rupture en revanche, nous gardons le leadership », insiste ainsi Gilles Le Borgne.

 

Vincent Paes

 

LES PIÈGES À ÉVITER

 

1. Développer toutes les propositions d’intrapeneuriat. Si vos salariés ont des idées, peu s’avéreront efficaces.

2. Abandonner la centralisation des projets. Vous devez garder une vision long terme de votre plan d’innovation.

3. Vouloir trop contrôler les start-up. Votre relation doit se faire d’égaux à égaux.

4. Négliger l’aspect légal. Établissez clairement le rôle de chacun pour éviter les risques de procès.

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