Le gouvernement vient d’annoncer que le régime général des salariés du privé devrait retomber dans le rouge en 2019. L’idée d’un nouveau report de l’âge légal refait surface, mais une solution serait aussi de... ne rien faire.

À chaque rentrée, la question de la soutenabilité du système de retraite refait surface : comment faire pour le financer alors que l’espérance de vie augmente, que les baby-boomers atteignent l’âge fatidique et que la France ne compte que 2,2 actifs pour un retraité ? Une équation d’autant plus difficile à résoudre que la croissance économique demeure faible et le taux de chômage élevé. Pour compenser ces déséquilibres structurels et conjoncturels, trois solutions sont possibles : augmenter les cotisations, diminuer les pensions et allonger la durée de cotisation.

Des solutions temporaires

Si aucun gouvernement n’a osé augmenter les cotisations, le dernier en date a réussi à faire baisser indirectement les pensions. Pour cela, il a indexé le calcul des pensions non plus à l’évolution des salaires mais à l’inflation. Jusqu’à présent, les politiques avaient toujours préféré concentrer leurs efforts sur la durée des cotisation. Malheureusement, le recul de départ de l’âge à la retraite ne fait que décaler le problème dans le temps. Sans surprise, l’embellie enregistrée l’an dernier n’aura été que de courte durée. Les comptes du régime de base des salariés du privé devraient ainsi repartir dans le rouge dès 2019 selon le Conseil d’orientation des retraites. En 2021, le seul régime général des salariés du privé atteindra un déficit de trois milliards d’euros.

Le gouvernement pointe du doigt des facteurs démographiques. L’Insee a en effet modifié fin 2016 deux prévisions importantes : l’espérance de vie a été revue à la hausse et l’immigration à la baisse. Résultat, la proportion de cotisants pour un pensionné va diminuer plus rapidement que prévu. À court terme, ce revirement s’explique surtout par la fin de la montée en charge du recul de l'âge légal de la retraite à 62 ans, qui devrait encore dégager deux milliards d'euros d'économies en 2017 mais seulement 200 millions en 2018. Dès 2019, les nouveaux retraités vont de nouveau fortement augmenter (+ 5,4 %). Quant aux pensions, indexées à l’inflation, elle devrait progresser de 2,3 % d’ici à 2019.

Retour à l’équilibre en 2050

Pour le gouvernement, ces chiffres sont une aubaine... pour justifier la prochaine réforme qu’il compte mettre en place en 2018. Cette dernière, qui devait initialement se concentrer sur une uniformisation des différents systèmes, intégrera sûrement des ajustements financiers. Un départ à la retraite à 65 ans refait doucement surface.

Il existe pourtant une autre solution pour régler le problème des retraites : ne rien faire ! Car c’est un système qui s'équilibra tout seul à long terme. Avec une espérance de vie de 80 ans, le « problème » des « papy boomers » n’en sera plus un en 2040. Il existera encore un décalage entre le pourcentage de la population active et celle de plus de 60 ans. En France en 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans, soit dix millions de personnes de plus qu'en 2007.  Mais, même à ce moment-là, on comptera encore 1,5 actif pour un retraité. Et encore, cela dépend des hypothèses de croissance, de productivité et d'activité, qui créent une marge d'incertitude non négligeable. Si la croissance repart enfin (plus de 3 %), l’équilibre pourrait être atteint avant 2050.

Vincent Paes

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