Le nouveau président de la Réserve fédérale aura fort à faire en 2018. Il devra resserrer la politique monétaire américaine sans pour autant nuire à la croissance économique du pays. L’équation sera d’autant plus compliquée à résoudre qu’il devra faire face à des taux d’inflation faibles et à une politique budgétaire agressive.

En nommant Jerome Powell, 64 ans, à la tête de la Fed pour succéder à Janet Yellen, Donald Trump met fin à la tradition qui voulait que le nouveau Président reconduise l’ancien directeur. Cette pratique, censée garantir l’indépendance de l’institution, n’a pas tenu face au désir de Donald Trump de mettre quelqu’un de favorable à son souhait de déréglementer le système bancaire. Contrairement à Janet Yellen, Jerome Powell n’avait pas hésité à vanter les mérites d’un marché financier dérégulé.

Croissance vs inflation

Son principal défi sera néanmoins de continuer à resserrer la politique monétaire de l’institution sans pour autant compromettre la croissance américaine. Sur ce domaine, cet ancien avocat d’affaires n’a pas caché qu’il comptait s’inspirer de la stratégie de Janet Yellen, à savoir une remontée des taux en douceur pour ne pas froisser les marchés financiers. Jusqu’à présent, la Fed s’en est bien sortie. Depuis octobre, elle a commencé à réduire son bilan de 4 200 milliards de dollars en diminuant progressivement l’énorme stock de titres de bons du Trésor. Pour fermer le robinet en douceur, elle va commencer à ne plus racheter les titres arrivant à échéance. L’autre volet plus délicat de la politique monétaire portera sur la hausse des taux. Depuis 2015, Janet Yellen les a relevés à trois reprises mais ils se situent toujours à des niveaux historiquement bas (entre 1 % et 1,25 %).

Si une nouvelle augmentation est prévue en décembre, nul ne sait quel sera le prochain calendrier mis en place une fois que Jerome Powell prendra ses fonctions en février 2018. Car, contrairement à son prédécesseur, il devra travailler avec une inflation faible qui contredit tous les modèles économiques. L’équation sera d’autant plus difficile à résoudre qu’il devra faire avec la politique économique de Donald Trump. En mettant en place, une réforme fiscale ambitieuse, le nouveau Président américain risque de creuser un peu plus le déficit et la dette de son pays. Une stratégie qui pourrait déclencher une remontée des taux et une surchauffe de l’économie à court terme.

Une indépendance à défendre

Dernier chantier et pas des moindre, garantir l’indépendance de l’institution. Si Jerome Powell a une image de centriste, Donald Trump pourrait accentuer sa pression sur l’institution en nommant des républicains aux trois postes de gouverneurs qu’il reste à pourvoir. Il a déjà désigné Randal Quarles, un ancien financier favorable à la dérégulation, comme vice-président du directoire en charge de la supervision bancaire.

Vincent Paes

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