Le spécialiste de la carte à puce a refusé la semaine dernière une offre d’achat formulée par Atos s’élevant à 4.3 milliards d’euros. Dimanche 17 décembre, une nouvelle offre de 4.8 milliards d’euros a été cette fois-ci émise par le groupe Thales. Avec plus de succès, puisque Gemalto a rendu un avis favorable à cette proposition.

Après l’annonce d’un plan social, le refus d’une offre de 4, 3 milliards d’euros émise par Atos et des négociations à rallonge, la saga autour du rachat du géant français de la carte à puce prend fin le 18 décembre 2017. Et c’est Thalès et sa proposition à 4.8 milliards d’euros qui remporte la mise. Il s’agit au passage de la plus importante acquisition dans l’histoire du spécialiste de l’électronique de défense. 

Une union à l’origine d’un nouveau leader mondial

Un mariage arrangé dont le but est la création d’un leader mondial de la sécurité numérique. La dot a été savamment calculée : le groupe de défense offre 51 euros par action à Gemalto. Cette valorisation à 4,8 milliards d’euros est donc plus attractive que celle de 4,3 milliards d’euros avancée par Atos, la semaine dernière. Et pour conclure l’union, Thales a reçu le soutien de tous ses administrateurs : l’État, qui possède 25,8 % du capital de l’entreprise et Dassault Aviation, actionnaire quant à lui à hauteur de 24,8 %. Même accueil enthousiaste de la part des actionnaires de Gemalto qui doivent prochainement se réunir en assemblée générale. 

Les géants américains tels que Cisco ou IBM pourraient être concurrencés par l’union de Thales et Gemalto. Thales veut passer à la vitesse supérieure en matière d’Internet des objets, alors que Gemalto souhaite l’arrivée de ses cartes à puce dans la sécurité gouvernementale et dématérialiser ses cartes SIM, sous forme de logiciels : « une opportunité unique de continuer ce que nous avions en tête en tant qu’entreprise autonome », d’après le PDG de Gemalto, Philippe Vallée. 

Plan social maintenu 

Seule ombre au tableau et malgré la valorisation de l’offre, le plan social annoncé par Gemalto est maintenu. 288 postes risquent ainsi de disparaître. Pour Philippe Vallée, « Ce plan correspond à la nécessité d’optimiser et d’alléger les effectifs que nous maintenons aujourd’hui sur la carte SIM. » La direction de Gemalto a précisé que la priorité serait donnée aux reclassements internes et que des offres d’emploi chez Thales seraient ouvertes aux salariés concernés par ce plan social. Le numéro un des cartes SIM a pâti des évolutions technologiques et notamment du développement des cartes eSIM, directement intégrées dans les smartphones. S’il y a quelques années, la carte SIM représentait la moitié des revenus de Gemalto, la part de la carte SIM a chuté de 12% au dernier trimestre. Une vitesse de décroissance plus rapide que prévu qui a mis dans l’embarras la société contrainte donc d’envisager ce plan social. Le rachat aurait pu mettre un point final au plan de licenciements, mais cela n’aura pas lieu. Le maintien de ce plan social est jugé « inacceptable » par les syndicats qui réclament son annulation et menacent de faire grève s’ils ne sont pas entendus. Thales, assure, de son côté, qu’il n’y aura aucune suppression d’emploi.

 

Coline Ziegler (@colineziegler)

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