Amorcée en 2016, la reprise dans le bâtiment s'accélère en 2017. Avec la construction de logements neufs, l’activité progresse de 4,7 % en volume, et l'emploi s'est redynamisé. Le non-résidentiel neuf repart enfin à la hausse.

Après huit années de crise et un retournement très attendu en 2016, la filière du bâtiment peut enfin recommencer à envisager l'avenir avec sérénité : 2017 s'affirme comme une excellente année, avec, selon les chiffres de la Fédération française du bâtiment (FFB), une progression de l'activité globale de 4,7 % inédits depuis 2006. Cette hausse est d'autant plus remarquable qu'elle profite à une large partie du territoire français.

Comme les années précédentes, le principal moteur de cette croissance est toujours le logement, qui affiche une progression de 12,8 % sur l'année avec près de 410 000 unités mises en chantier, soit un niveau supérieur de 15 % à la moyenne 1980-2016. Cependant, les deux vraies bonnes nouvelles proviennent de deux autres indicateurs qui repassent enfin dans le vert : le non-résidentiel neuf affiche un score de + 3,7 %, et l'amélioration-entretien renoue enfin avec la croissance en progressant de 1,4 % sur l'année. Ces bons chiffres ont une répercussion directe sur l'emploi, par une création nette de 20 000 postes sur l'année (en détail, 9 000 salariés et 11 000 intérimaires), soit une croissance de 1,7 %, au point que les entreprises rencontrent à nouveau des difficultés de recrutement. Cette progression doit cependant être considérée au regard des 170 000 emplois perdus entre 2008 et 2016.

 

Une reprise toujours fragile

La FFB met toutefois en garde contre la fragilité de cette reprise. Premier élément, cette croissance a peu d'effet sur les prix : alors que les prix de vente de l'immobilier progressent depuis deux ans (4 % dans l'ancien et 3 % dans le neuf), le prix de vente des bâtiments ne progresse, quant à lui, que de 2 %, à un rythme à peu près aligné sur celui de l'inflation. L'appareil de production ne bénéficie donc pas entièrement de cette reprise, les marges restant faibles, elles empêchent les entreprises de reconstituer leurs fonds propres, malgré ces signes positifs fin 2017. La FFB qualifie même ce délai de « très long au regard des précédentes sorties de crise  .

De plus, la fédération souligne des menaces liées à la loi de finances pour 2018. Si le gouvernement a fait machine arrière sur le Pinel et le PTZ, moteurs de la reprise dans le logement neuf depuis maintenant plusieurs années, la transformation de l'ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI) continue cependant d'inquiéter.

 

Un contexte qui incite à l'optimisme

Pour 2018, la FFB anticipe un frein de la croissance sur le logement, avec une baisse des mises en chantier de 2,6 %, et ce, malgré une augmentation 13,3 % pour les logements autorisés en 2017. Tous secteurs confondus, le nombre de logements commencés devrait ainsi redescendre « un peu sous les 400 000 unités ». La production de logements neufs devrait ainsi continuer à progresser, mais « à un rythme trois fois moindre qu'en 2017, à 3,4 % », précise la FFB. Quant au non-résidentiel neuf, la croissance devrait s'amplifier avec une production en progression de 8,9 %. L'amélioration-entretien, en revanche, resterait stable (+ 0,4 % anticipé).

À plus long terme, la FFB note que cette reprise s'inscrit dans « les cycles habituels de la construction, avec leur phase de croissance de quatre à cinq ans », mais elle appelle à rester vigilant sur trois sujets : la révision des zonages HLM et Pinel, attendue courant 2018, les évolutions structurelles du secteur à travers la future loi « Évolution du logement et aménagement numérique » (Elan), et le Plan de rénovation énergétique.

 

Boris Beltran

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