Qui décide ? Le management ou les actionnaires ? Quand l’actionnariat est dispersé, sans bloc majoritaire, la porte s’ouvre à des thèses divergentes, voire des conflits entre le management – soutenu par certains actionnaires - et d’autres fonds minoritaires mais influents, qui « osent » critiquer la stratégie. Ces fonds activistes se veulent critiques de la stratégie choisie par le management, mais bienveillants pour la société et ses actionnaires.

Depuis leur apparition dans les années 1980, les fonds activistes n’ont jamais eu bonne presse. Il faut dire qu’à leur arrivée, les investisseurs n’hésitaient pas, pour déstabiliser les dirigeants, à organiser des campagnes agressives et à livrer des batailles judiciaires coûteuses. Les médias les accusaient alors d’avoir des pratiques douteuses, une vision court-termiste et un impact négatif sur l’emploi. Le raid de Carl Icahn, l’un des plus célèbres activistes américains aujourd’hui âgé de 80 ans, sur la compagnie aérienne américaine TWA, restera sans doute le symbole de cette période critique. Une mauvaise image qui colle encore à la peau de ces fonds minoritaires. Mais trente ans plus tard, leur stratégie a bien changé et les campagnes de terre brûlée ne sont plus la norme.

Pour un activisme « constructif »

Désormais, les fonds activistes privilégient le dialogue. L’arrivée de ces investisseurs au capital devient l’occasion d’instaurer une meilleure communication entre les actionnaires individuels et institutionnels. Bien sûr, ils n’hésitent pas à jouer des coudes si nécessaire. Mais souvent, leurs revendications sont justifiées. En faisant valoir leur droit d’actionnaire minoritaire, ils bousculent l’immobilisme coupable des sociétés sous-performantes où ils ont choisi d’investir. Ces investisseurs concentrent ainsi principalement leurs critiques sur la stratégie et les questions de gouvernance, comme la rémunération des dirigeants et la composition du conseil d’administration. Preuve que les fonds ne sont plus dans une logique court-termiste mais souhaitent construire de la valeur sur le long terme. Les résultats financiers parlent également pour eux. Cinq ans après l’arrivée d’un fonds activiste au capital d’une société, son Ebidta a progressé dans 80 % des cas. En développant un activisme constructif, actionnaire et entreprise peuvent donc sortir gagnants. Mais pour que celui-ci exprime pleinement son potentiel, les sociétés doivent aussi jouer le jeu : aux dirigeants d’accepter les critiques fondées afin de faire de ce troublant investisseur une opportunité. 

Vincent Paes

 

Qu’est-ce que c'est ?

Un fonds activiste est un investisseur professionnel qui entre au capital d’une société de façon minoritaire car il estime que cette dernière est mal gérée et donc sous-valorisée. Son objectif sera alors de faire valoir ses droits pour faire entendre son point de vue au conseil d’administration, à l’équipe de management et aux autres actionnaires. Ses revendications peuvent être multiples : vente d’activités non rentables, scission de la société ou encore destitution du président. Si le fonds activiste a vu juste, qu’il obtient les changements demandés et que la valeur de la société bondit, il peut alors se rémunérer en enregistrant une plus-value au moment de sa sortie.

 

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