Bordeaux Entrepreneurs fédère les start-up et scale-up girondines et les accompagne dans leur croissance. Alexandre de Roumefort, président de l’association mais également entrepreneur aguerri, revient sur ses aspirations ainsi que sur le dynamisme de la région bordelaise.

Décideurs. Quel est votre rôle au sein de la structure ?

Alexandre de Roumefort. Je fais partie des premiers adhérents de Bordeaux Entrepreneurs ! J’ai rejoint l’association il y a cinq ans lorsque j’avais besoin d’accompagnement pour la croissance de mon entreprise, et j’en ai pris la présidence en 2017. Je suis accompagné dans mes fonctions d’un bureau composé d’autres entrepreneurs. Notre rôle est de donner l’orientation globale de l’association, de déterminer comment la faire grandir et de nous occuper de son rayonnement. Pour ce faire, nous sommes en relations avec la mairie de Bordeaux ainsi que la métropole. Notre but à terme est d’accueillir de nouvelles pépites sur l’ensemble du territoire girondin.

Quels types d’événements organisez-vous ?

Nous organisons des petits-déjeuners thématiques une fois par mois afin que nos adhérents puissent partager leur expérience et leurs difficultés sur des sujets spécifiques, tels que les ressources humaines, les relations avec les fournisseurs ou encore l’implantation à l’étranger. Tous les deux mois, une société adhérente reçoit d’autres entreprises lors d’un dîner afin de présenter son activité, les succès et les échecs qu’elle a pu rencontrer.

Bordeaux Entrepreneurs organise également tous les ans deux grands événements. Le premier, le « Quai des Entrepreneurs », est une référence dans la ville de Bordeaux pour connecter start-up et investisseurs. Le principe est de présenter seize jeunes entreprises œuvrant dans les domaines tels que les objets connectés, le e-commerce ou encore l’intelligence artificielle, à seize fonds d’investissement régionaux ou nationaux, sur le principe du « speed meeting », suite à quoi les jeunes pousses peuvent bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour les aider à se développer et à grandir.

L’association organise également le « Bordeaux Pitch Contest », avec le soutien de la ville. Cette année, le parrain de l’événement sera Olivier de Trémaudan, fondateur du site de e-commerce Vente du Diable, le leader des ventes privées spécialisé dans les produits high-tech, et ayant racheté Pixmania en 2016. Il s’agit d’un concours de pitch au cours duquel les entrepreneurs sélectionnés disposeront de trois minutes pour convaincre un public composé de plus de 600 professionnels et startuper, et tenter de remporter le prix « coup de cœur ». Le grand gagnant de la soirée gagnera un accompagnement auprès de nos partenaires bancaires et juridiques.

« Nous préférons être qualitatifs plutôt que quantitatifs sur la sélection des sociétés »

Comment expliquez-vous le dynamisme et l’attractivité de la région bordelaise ?

La situation géographique de Bordeaux y est pour beaucoup. Nous sommes à deux heures et demi des premières stations de ski, à deux heures de Paris et à trente minutes de la mer. La ville est de plus très bien desservie par son aéroport, aussi bien pour les personnes que pour le fret et la région bénéficie d’un rayonnement international important grâce à la présence de grands vignobles sur son territoire. C’est un vrai plus. On peut en être fiers ! Le cadre de vie est également un élément clé de l’attractivité de Bordeaux grâce à la politique de réaménagement de la ville.

Comment devenir adhérent de Bordeaux Entrepreneurs ?

N’importe quel entrepreneur basé en région bordelaise peut postuler à notre association. Le bureau examine chaque dossier et regarde attentivement l’activité de la société ainsi que le potentiel d’accompagnement que nous pourrions lui donner en matière de croissance. Nous recherchons des entreprises innovantes qui ont besoin de grandir.

Aujourd’hui, 120 sociétés sont adhérentes à Bordeaux Entrepreneurs. Nous n’avons pas de capacité maximale, mais nous préférons être qualitatifs sur la sélection des sociétés plutôt que quantitatifs. Il est également essentiel d’avoir une cohérence dans les entreprises présentes afin que tout le monde y trouve son compte.

Vous qui êtes également chef d’entreprise, à quelles difficultés sont régulièrement confrontés les entrepreneurs ?

J’en relève deux. La première difficulté concerne la gestion de la trésorerie et le financement. Pour la surmonter, il est nécessaire de développer des relations avec les fonds et les banques. La bonne gestion d’une entreprise permet de préserver sa trésorerie et donc d’assurer la pérennité de sa société.

Dans les entreprises de croissance, l’autre problématique concerne l’espace disponible. Par exemple, avec ma start-up, nous avons déménagé cinq fois en seulement dix ans ! Et tout déménagement de machines entraîne de nombreux jours d’arrêt de production et coûte très cher. Le marché de l’immobilier n’étant pas en phase avec le besoin de croissance des entreprises, il n’est pas évident de trouver le lieu idéal pour y installer ses équipes.

« Le marché de l’immobilier n’est pas en phase avec le besoin de croissance des entreprises »

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui vise une forte croissance ?

De se rapprocher des pépinières, incubateurs, accélérateurs ainsi que de sa ville pour avoir connaissance des lieux évolutifs existants. 

Pouvez-vous nous présenter votre start-up, U’Rself ?

En 2007, j’ai fondé U’Rself, une entreprise spécialisée dans le marketing opérationnel pour les réseaux de franchise et de magasins. Depuis 2012, nous développons une plateforme digitale permettant aux services marketing de mettre à disposition de leurs boutiques tous les supports de communication nécessaires ainsi que de leur donner des droits d’accès et de commande en ligne. Aujourd’hui, plus de 3 000 magasins l’utilisent. Nous disposons en plus d’une usine de fabrication pour produire tout ce qui est support à imprimer ainsi que d’une plateforme logistique. Nous avons donc besoin de beaucoup de place pour stocker et ensuite expédier nos produits en France et en Europe. Nous sommes donc à la fois dans les secteurs du numérique et de l’industrie.

Plus de dix ans après notre création, nous enregistrons toujours une croissance annuelle oscillant entre 30 %et 40 %. Nous avons également levé 1 million d’euros en 2016 pour accélérer notre croissance et sommes aujourd’hui rentables. U’Rself est composée d’une équipe de 25 personnes et nous comptons embaucher huit salariés en 2018.

Quel est votre prochain défi ?

Je travaille actuellement sur un projet de lieu évolutif que je souhaite créer sur Bordeaux. Il s’agira du premier espace de coworking industriel en France. Comme nous manquons de place dans nos locaux actuels, nous souhaitons construire un espace de plus de 6000m2 sur Bordeaux et nous consacrerons la moitié des lieux à cet espace évolutif, partagé entre U’Rself et d’autres entreprises industrielles.

 

Propos recueillis par Margaux Savarit-Cornali

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