Proposant notamment des gammes de vin sans alcool, de couleur bleu et 100 % naturel, la société Pierre Chavin, est passée maître dans l’art de l’innovation vinicole. L’enseigne est aujourd’hui en croissance de 37,5 % représentant un chiffre d’affaires de 10,8 millions d’euros en 2016.

Décideurs. Comment définiriez-vous votre stratégie de croissance ?

Mathilde Boulachin. La croissance d’une entreprise repose sur plusieurs éléments de réponse. Une des clés de notre succès réside dans l’innovation et la différenciation. Nous portons à cet égard un grand intérêt sur le marketing et le packaging. Nous sommes en effet, les pionniers dans l’utilisation de la réalité augmentée.  La communication est elle aussi distincte et l’investissement en marketing digital est important. Notre croissance s’explique notamment par le choix d’une stratégie de distribution différente. Nous avons en effet fait le choix inverse de nombreuses entreprises. Nous avons privilégié, au départ, les marchés lointains comme la Scandinavie, le Japon, la Chine et les États-Unis. Cette croissance nous a permis ensuite de conquérir le territoire national.

Vous proposez une démarche innovante qui tranche avec l’univers traditionnel du vin, est-ce une clé de votre succès ?

Aujourd’hui, le secteur du vin est en pleine révolution car il est tenu par les marchés internationaux qui n’ont pas vingt siècles de culture vinique dernière eux. Ils sont au contraire totalement ouverts à des produits et des marques décomplexées qui se distinguent dans un linéaire. Mon métier est de communiquer au travers du packaging et de faire preuve d’une innovation constante. Nous essayons de proposer des articles bien faits, made in France, avec une image « France », le tout avec une pointe d’élégance. Dans notre entreprise, nous sommes citoyens du monde. L’ouverture d’esprit est ce qui plaît ! Nous appliquons un marketing de la demande et non pas celui de l’offre. Nous sommes constamment à l’écoute des besoins du marché. Aujourd’hui, le consommateur doit être écouté car il existe des distinctions géographiques, culturelles et communautaires fortes. Notre démarche est de mettre en avant des produits qui lui correspondent. Être citoyen du monde, c’est également proposer une ouverture d’esprit sous toutes ses formes.

Être une femme dans cet univers traditionnellement masculin, est-ce une force ou un obstacle ?

Être une femme dans un univers culturellement masculin est une véritable force et un réel vecteur de variété. La différence par le genre est le premier facteur qui permet une mémorisation de la part des clients et des tiers. Le fait qu’une femme soit audacieuse et porte une stratégie différente et innovante est perçu de manière très positive par les médias, les collaborateurs et les fournisseurs.

Quels sont vos projets et vos ambitions pour les années à venir ?

Nous sommes comme toute société à fort développement dans une logique perpétuelle d’accompagner notre croissance. Notre ambition est de rester serein avec une stabilité financière inscrite dans le temps. Le processus de fidélisation des clients et l’accroissement de nos parts de marché restent également l’un des enjeux majeurs. Nous avons l’ambition de poursuivre notre internationalisation. Des acquisitions externes ne sont pas exclues mais cela doit se faire en garantissant nos agrégats financiers.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs pour financer leur croissance ?

II faut être concentré sur l’identification des clients. Un entrepreneur doit avoir dès le début un business model qui fonctionne avec une stratégie adaptée et cohérente. Dans cette hypothèse, il faut chercher une distribution efficace et rémunératrice ainsi que bien gérer les délais de paiement. Soyez les bons partenaires et n’ayez pas peur de dire non pour rester fidèle à vos projets. L’entrepreneur ne doit pas perdre de vue sa stratégie. S’il croit en son projet, il peut solliciter des ressources externes sous différentes formes, notamment en pool bancaire ou en investissements divers. La recherche de bon financement permet d’aller plus vite et plus loin, mais la question de savoir s’il faut y recourir dépendra essentiellement du projet.

La fibre entrepreneuriale fait partie d’un ADN, un atout inné qu’il est cependant possible de développer. Le meilleur conseil que je puisse donner à un entrepreneur est de garder la volonté et la détermination de se lever chaque matin avec une même idée : celle de vouloir croître et grandir !

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