Après cette annonce, le cours d’EuropaCorp, la société de production de films et de séries fondée par Luc Besson, s’est effondré de 32 %.

Afin d’assainir sa situation financière, EuropaCorp a été placé en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Bobigny pour une durée initiale de six mois. Bien avant la procédure, le studio avait annoncé à ses investisseurs que l’exercice serait déficitaire. Force est de constater que ces prévisions pessimistes étaient correctes. Durant les six premiers mois de l’exercice décalé 2018-2019, EuropaCorp accuse une perte nette de 88,9 millions d’euros. Il s’agira pour l’ensemble des acteurs, débiteurs comme créditeurs, de s’accorder pour restructurer l’ensemble du passif du groupe. La procédure portera donc à la fois sur la dette mais aussi sur le capital. En outre, les prêteurs senior (JP Morgan pour plusieurs banques) et junior (le groupe financier Vine) accordent un waiver à EuropaCorp ; un fait rare, selon la société dans son communiqué. Concrètement, cela signifie l’abandon volontaire d’un droit légal, en l’occurrence les termes du contrat, précédemment établi. Cela montre aussi la volonté des créanciers de ne pas vendre les actifs restants afin d’éviter de provoquer des pertes encore plus importantes et cette fois-ci irrécupérables. Du côté du marché, l’action de la société du compartiment C d’Euronext a été suspendue du 6 mai au 14 mai. À sa reprise, le cours a dégringolé de 32 %.

Depuis trois ans, la société, fondée en 1999 par le réalisateur Luc Besson, traverse une période difficile. L’échec cuisant de la superproduction, Valérian et la Cité des mille planètes, au box-office américain a sûrement été le point d’orgue de l’enchaînement de mésaventures d’EuropaCorp. Pourtant, Le studio n’avait pas lésiné sur les moyens pour un film qui aurait dû être à l’origine d’une succes story commerciale à la manière d’un Star Wars ou d’un Avengers. L’expérience d’avoir porté huit des vingt plus grands succès français au box-office mondial, un budget record de 197 millions d’euros (le plus élevé de toute l’histoire du cinéma français), un casting de stars (Dane Dehaan, Cara Delevingne, Rihanna) n’ont pas été suffisants pour séduire les Américains. À L4époque, le film avait enregistré moins de 40 millions de dollars de recettes, bien loin des 126 millions de dollars récoltés par Lucy, véritable figure de proue de la société de Luc Besson. Outre la déconvenue de Valérian, EuropaCorp a vendu 80 % de son activité télévisuelle au groupe Mediawan et cédé un catalogue de 300 titres à Gaumont dont les Ripoux ou les Vieux de la vieille.

Sandy Andrianabiby      

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