Les ministres des Finances des vingt-sept États de l'Union sont finalement parvenus à un accord le 9 avril. Le principe d'un plan de sauvetage plus de 500 milliards d’euros a été adopté. mais ce deal ne mentionne pas les "coronabonds".

Les négociations ont été féroces, mais le résultat est là. L'Eurogroupe est parvenu à un accord hier soir, deux jours après un premier échec. Il s’agissait de trouver un compromis acceptable par chacun quant à la nature et au montant de l’aide destinées à soutenir les économies du continent dans la crise liée au coronavirus.

Un plan à plus de 500 milliards d’euros

Au total, l’accord concerne plus de 500 milliards d’euros. Il s’agit là « du plan économique le plus important et le plus rapide que l'Union ait adopté », selon les propos de Bruno Le Maire rapportés dans Le Figaro. Dans le détail, ce montant se décompose en trois piliers : une ligne de crédits de 240 milliards d’euros par le biais du mécanisme européen de stabilité (MES) pour les dépenses de santé, un fonds de garantie permettant à la Banque européenne d’investissement de prêter 200 milliards d’euros et 100 milliards d’euros pour les mesures de chômage partiel. Ces montants, veulent croire les Vingt-Sept, devraient être à la hauteur de l’ampleur de la crise. « Nous pouvons tous nous souvenir de la réponse à la crise financière de la dernière décennie, lorsque l'Europe a fait trop peu, trop tard. Cette fois-ci, c'est différent », a tenu à rappeler le président de l’Eurogroupe et ministre des Finances portugais Mario Centeno.

Solidarité financière

Saluée unanimement hier soir, l’adoption de ce plan a pourtant donné lieu à de très vifs échanges, les membres de l’Eurogroupe étant partagés sur la question de la définition de la solidarité financière entre États. En effet, deux camps s’affrontaient : les pays du Nord, partisans de l’orthodoxie budgétaire reprochant aux États du Sud – Italie en tête – qui réclamaient davantage de solidarité financière de n’avoir pas su gérer leurs finances publiques ni mener les réformes qui s’imposaient. Une position politique et morale qu’avaient déploré la France et l’Allemagne. Finalement, les deux points d’achoppement centraux ont été résolus. Le premier concernait la volonté des Pays-Bas d’assortir le recours aux lignes de crédit du MES d’un engagement à mener des réformes une fois la crise terminée. Une condition qui ne figure plus dans l’accord final qui se borne à des déclarations de bonnes intentions : « par la suite, les États membres de la zone euro resteraient déterminés à renforcer les fondamentaux économiques et financiers, conformément aux cadres de coordination et de surveillance économiques et budgétaires de l'UE ».

Pas d’accord sur les coronabonds

L’autre blocage portait sur les coronabonds, appelés de leurs vœux par la France, l’Italie ou l’Espagne mais catégoriquement rejetés par l’Allemagne ou les Pays-Bas. Aussi, le fonds de solidarité prévu pour accompagner la relance et la reprise sur lequel les Vingt-Sept se sont accordés hier ne fait aucune mention à ces fameuses obligations mutualisées qui permettraient de financer une relance de l’activité économique par de la dette commune. Le sujet est renvoyé aux chefs d’État et de gouvernement européens à qui il incombe de décider si des “instruments financiers novateurs” doivent être utilisés. L'accord porte en revanche sur un système « accord[ant] un financement par le biais du budget de l'UE à des programmes conçus pour relancer l'économie conformément aux priorités européennes et en garantissant la solidarité de l'UE avec les États membres les plus touchés ». S’il est précisé que sa durée serait temporaire, aucun détail n’a été donné pour le reste sur le fonctionnement de ce fonds. Nul doute que ce sujet occupera une partie des échanges de la prochaine réunion de l’Eurogroupe.

S.V. et O.V. 

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