Patron de la PME Hélicoptères Guimbal, Bruno Guimbal évoque sa réorganisation dans le contexte de crise sanitaire et son cap pour les années à venir. Il n'hésite pas à évoquer une "décroissance positive".

Décideurs. Comment avez-vous réorganisé la gouvernance et la prise de décision face à ce choc économique et sanitaire ?

Bruno Guimbal. Il est difficile de parler de réorganisation, mais je constate que par la force des choses, les mesures provisoires et les décisions à prendre ont augmenté la centralisation – autour de moi, malgré moi.

Comment à titre personnel, vous êtes-vous organisé pour réagir d'une part, et anticiper d'autre part, les conséquences du Covid 19 sur votre entreprise ? 

Je n’ai pas eu à changer beaucoup d’habitudes personnelles, habitant tout près de ma société, et travaillant tous les jours. J’ai listé dix mesures d’urgence et de bon sens, dont la plupart sont assez ordinaires, bien que pas toutes faciles ni agréables (comme de mettre fin sans justification aux périodes d’essai de nouveaux embauchés).

La crise génère un "tsunami d'émotion". Comment en avez-vous géré les aspects émotionnels sur vous-même ?

D’abord en essayant de limiter le flot d’informations dans tous les sens. Dans mon cas, alors que ma société est en très bonne santé, j’étais déjà en fort questionnement sur le futur que je voulais. J’ai donc un certain fatalisme. Je fais ce que je peux et advienne ce que pourra.

Une forte émotion est faite du plaisir de constater dans la crise que j’ai quelques collaborateurs et quelques partenaires qui sont des vrais alliés fiables. Mais c’est aussi une forte émotion, frustration, de voir tous les parasites que ça révèle, dans le pays, et même dans notre société. J’essaie d’apprécier les premiers et d’ignorer les seconds. Pas facile !

Je me fais plus de souci sur la conjoncture et l’environnement national à venir que sur la situation de ma société en relatif

Comment tenir le choc ? Comment affronter la solitude ?

C’est une vraie question. Je me montre résolument optimiste et constructif, sachant que les collaborateurs intéressants, ceux qui comptent, savent ce qu’il en est.

Comment manager ses émotions, et celles des autres ?

Je me fais plus de souci sur la conjoncture et l’environnement national à venir que sur la situation de ma société en relatif. J’essaie de renforcer des actions qui resteront : lancement de nouveaux produits, économies, etc.

Comment combiner lucidité et optimisme ? 

Je n’espère pas que « cela reparte » comme avant. Je me prépare à une diète salutaire. Il faudra travailler plus et dépenser moins, et… être plus heureux, plus longtemps.

Quel cap pour 2022/25 ?

Plus me focaliser sur des clients/prospects compatibles avec le très long terme. Nous n’avons pas trop le choix.

Quelle leçon tirez vous de cette crise pour votre entreprise sur le très long terme ?

Je n’ai pas attendu le virus pour me poser des questions et chercher des voies. Cela relève de la  décroissance positive. Un business model durable. Je suis de ceux qui pensent que le virus n’est qu’un avertissement.

Si je ne le faisais pas, mes enfants (30, 23, 20 et 17 ans) le feraient sans moi et malgré moi.

Propos recueillis en avril 2020

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