Le milliardaire a vu d’un mauvais œil le prolongement du confinement aux États-Unis. Pourtant, il s'est considérablement enrichi durant la crise sanitaire.

Dans son tweet, désormais célèbre, lancé le 11 mai dernier, le controversé, fantasque et brillant patron de Tesla annonçait la réouverture de son usine californienne, faisant de lui le premier chef d’entreprise à dé­fier ouvertement les mesures prises pour lutter contre la propagation de la Covid-19 aux États-Unis. "Je serai dans les rangs avec tout le monde. Si quelqu’un doit être arrêté, je demande que ce soit moi et moi seul".

Il est libre Musk

Une décision chaudement approuvée par Donald Trump, fervent partisan d’une reprise rapide de l’activité économique, et ce, malgré le risque sanitaire. Cette désobéissance politique assumée trouve son origine dans une frustration larvée, plusieurs semaines plus tôt, le 23 mars, lorsqu’Elon Musk reçoit l’ordre de fermer son usine dont l’activité n’est pas jugée "essentielle" au pays. Blessé et belliqueux, il déclare, le 30 avril, à l’occasion de la présentation des résultats ­financiers aux actionnaires, que la réglementation sanitaire en vigueur, imposant le confinement d'une partie de la population active, est tout simplement "fasciste".

Il est libre Musk. Et il ose car il sait que l’on ne peut pas arrêter ainsi le patron de Tesla sans prendre le risque de voir son usine d’assemblage de voitures électriques et ses 10 000 emplois de Fremont en Californie s’installer dans une contrée plus clémente, après avoir laissé de nombreux ouvriers sur le carreau.

Top 3

Elon Musk fait partie du top trois des huit milliardaires qui se sont enrichis durant la crise sanitaire. En tête, Jeff Bezos, le patron d’Amazon qui, depuis le début de l’année 2020, a gagné 31,3 milliards de dollars. En deuxième position : Colin Huang, fondateur et PDG de la société de commerce électronique chinoise Pinduoduo, qui a gagné 13,7 milliards de dollars. Elon Musk arrive en troisième position avec 13,1 milliards de dollars empochés depuis le début de l’année. Au-delà des chiffres, cette réalité reflète une vision, une conviction profonde, car ces patrons ont décidé de poursuivre leur activité économique pendant la crise sanitaire, prenant le risque de s’attirer les foudres des autorités et la désapprobation de l’opinion publique

PayPal, SpaceX et Tesla

Chef d’entreprise et ingénieur sud-africain, naturalisé canadien en 1988 puis américain en 2002, Elon Musk fait partie du club très fermé de ceux qui changent les règles du jeu. Qui les disruptent. Largement considéré comme le plus grand industriel du moment, il porte l’innovation à des niveaux rarement atteints, au point d’avoir servi de modèle au personnage de Tony Stark, alias Iron man dans l’univers Marvel. À 12 ans, il vend son premier programme de jeux vidéo et se passionne pour les livres de science-fi­ction, de programmation, de business et d’ingénierie. Des lectures qui sèment les graines de ses futures entreprises. En 1999, il crée une banque sur Internet appelée X.com qui acquiert Paypal en 2000. En 2001 X.com cesse ses services bancaires et change de nom pour Paypal. La société sera revendue à Ebay en 2002 pour 1,5 milliard de dollars. Puis la fusée Musk entame sa progression vers les étoiles. Avec SpaceX, fournisseur low cost dans l’industrie aérospatiale, il affiche sa volonté de coloniser Mars et de permettre à un million de personnes de s’y installer, affrontant au passage les géants mondiaux du secteur militaro-industriel et aérospatial ainsi que la Russie et la Chine. En 2004, il entre au capital de Tesla, qu’il dirigera en 2008. Dix ans plus tard, le 6 février 2018, la science-­fiction de sa jeunesse rattrape la réalité lorsque SpaceX fait décoller une fusée du Kennedy Space Center en Floride avec, à son bord, un chargement étonnant, une Tesla, qui devrait rester des milliers d’années en orbite. "Sky is the limit."

Anne-Sophie David

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