Nommée en août 2017 PDG de la RATP, Catherine Guillouard mène sa barque, malgré les tempêtes. À tel point que son nom a été cité pour d’autres postes à responsabilité. Récit de l’ascension de cette discrète dirigeante.

Gestion de la réforme des retraites et de la grève qui s’est ensuivie, organisation du réseau de transports en pleine crise sanitaire… Depuis son arrivée à la tête de la RATP en août 2017, rien n’a été épargné à Catherine Guillouard. Pourtant la patronne assure le service public sans encombrer la sphère médiatique. Ce style discret est d’ailleurs l’une des marques de fabrique de celle dont l’ascension est silencieuse mais redoutablement efficace. 

Au service de l’entreprise 

Bien avisé celui qui aurait misé sur sa nomination au poste de PDG de la RATP, pour lequel elle a candidaté mais pas fait campagne. Pourtant, le CV de cette challengeuse met sur la voie. Fille de fan de ski née à Cannes, elle chausse sa première paire à 23 mois. De 8 à 20 ans, elle enchaîne les compétitions sur la neige quitte à rater quelques semestres d’école avant de se lancer dans les concours. Après des études de droit administratif et européen, elle décroche ceux de Sciences Po et de l’ENA puis rentre au Trésor. "Normalement, la mobilité des trésoriens, c’est New York et les grandes agences, le FMI, la Banque mondiale… Moi, j’ai eu envie d’aller en entreprise, confiait-elle à Libération en 2018. Le Trésor donne un rôle d’influence. Vous avez un niveau d’interlocuteur important mais vous ne ‘faites’ pas. Ce que je voulais, c’était faire."

"Ce que je voulais, c'était faire"

Si celle qui aime la photographie contemporaine et le rock n’a pas un profil d’ingénieur - dont elle est pourtant entourée à la RATP -, elle est connue pour avoir résolument l’esprit maison, indique Libération, qui cite son émerveillement face à cette "boîte incroyable" dans laquelle elle vit "un moment inédit". Car si elle sait se faire discrète, la patronne de la RATP est aussi connue pour son enthousiasme, son esprit sportif et pour ne pas douter de sa capacité à gravir des sommets. Ce qui n’est pas cosmétique en ces heures troubles, où la RATP doit gérer le transport des usagers déconfinés ainsi que les travaux en cours de manière à jouer son rôle dans le bon fonctionnement de l’économie française, tout en assurant la sécurité de son personnel. 

Et maintenant ? 

Aujourd’hui, Catherine Guillouard n'échappe plus aux radars. Le nom de cette cinquantenaire, passée également par Rexel, est sorti lorsqu’il s’est agi de remplacer le patron d’Air France-KLM, parti à la suite d’un houleux référendum en 2018. Mais, arrivée depuis seulement un an à la RATP, le Canadien Ben Smith lui a été préféré. Pourtant, la dirigeante cochait un certain nombre de cases. La première d’entre elles : bien connaître le secteur aérien puisque Catherine Guillouard a œuvré de 1997 à 2007 au sein d’Air France, où elle a coordonné le projet d’ouverture du capital aux salariés, dirigé les opérations aériennes - l’un des cœurs du réacteur de la compagnie -, avant de prendre en charge les ressources humaines puis les affaires financières. Autant dire qu’en matière de négociations syndicales, elle s’y connaît. Tout comme en pourparlers avec la classe politique. Puis, Catherine Guillouard a fait partie de la short list pour la direction générale d’Engie. Si elle n'a pas été choisie, la patronne de la RATP fait néanmoins désormais partie des dirigeants avec lesquels il faut compter. 

Olivia Vignaud

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