Président directeur général de Terreal, acteur de référence des matériaux de construction en terre cuite, Laurent Musy a porté de grandes transformations au long de sa carrière. Après cinq années passées au sein du groupe Terreal, il revient sur les enjeux et les difficultés majeures d’une transformation.

Décideurs. Lors de votre arrivée chez Terreal il y a 5 ans, quelles ont été vos missions et votre rôle pour amorcer la transformation au sein du groupe ?

Laurent Musy. Ma première mission a été de faire comprendre aux équipes que le changement de direction était nécessaire. Je me suis donc attaché à comprendre et rencontrer le maximum de gens pour élaborer, en équipe, avec une quarantaine de personnes, une démarche fondée sur les apports des uns et des autres, sur le réel. Une réalité fondée sur les propos des clients, ce qui se passe dans les usines et s’échange avec l’ensemble des parties prenantes. Il fallait donc prendre connaissance des limites existantes et établir une grande transparence dans les données, qu’elles soient chiffrées ou plus subjectives pour mettre en place les conditions du succès. Et ce, qu’il s’agisse des critères d’organisation, d’élaboration ou d’explication de la stratégie, afin de préparer sa mise en œuvre.

Quelles ont été les éléments clés au cours de cette transformation interne ?

En arrivant chez Terreal, j’ai annoncé deux priorités de transformation de l’entreprise. La première portait sur la sécurité et, la seconde, la satisfaction des clients. Deux points essentiels. La sécurité dans les usines demande beaucoup de rigueur. Elle aura été un vecteur fort car il est bien plus simple de fédérer les salariés autour des questions de sécurité que de celles de productivité ou même de qualité, notamment dans une industrie lourde avec des risques significatifs. Pour la satisfaction des clients, cela va de soi, parce qu’une entreprise sans client satisfait ne peut pas avancer.

De cette étape, en termes de méthodologie, en s’appliquant à tout le reste par la suite, résulte la bonne santé de l’entreprise. La productivité s’explique par la performance auprès des clients et les usines qui fonctionnent en assurant une qualité de production et de services, accompagnée de coûts maîtrisés.

Quelle part la RSE a-t-elle prise dans la réussite de la transformation de Terreal ?

Il n’y a pas d’activités industrielles, ancrées dans ces territoires, sans une acceptation positive de l’ensemble des parties prenantes. Cela va de l’empreinte carbone à la biodiversité, en passant par la formation des collaborateurs ou encore l’innovation. Il faut réussir à en faire un tout et intégrer chaque élément, avec les clients, les riverains, les collectivités territoriales et plus largement la société. Chacun d’eux souhaite de plus en plus voir les sociétés exemplaires en matière de réduction de l’empreinte énergétique ou encore de recyclage des produits.

Nos carrières d’argile sont exploitées de façon responsable, en minimisant cette empreinte et en respectant l’environnement. Le modèle consiste à obtenir un cycle de vie complet, de sorte que, à la fin de l’exploitation, la zone de production soit parfaitement réhabilitée. Finalement, l’industrie et les sociétés comme les nôtres font partie de la solution. Aujourd’hui, on s’attache à être en lien avec les grands engagements mondiaux, européens, français mais aussi territoriaux. Notre stratégie RSE s’adapte à ces tendances, qu’elles soient réglementaires, sociétales ou concurrentielles. 

Quelle a été la plus grande difficulté rencontrée dans le cadre de cette transformation ?

La difficulté majeure réside dans le traitement des cas humains. Quand des personnes ne souhaitent pas accompagner le projet, avoir à s’en séparer est toujours difficile. Il est plus facile de féliciter, d’encourager, mais lorsqu’ il faut prendre des décisions délicates, ce n’est jamais agréable.

Propos recueillis par David Glaser

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