En 2019, la plateforme d’investissement Iznes réalisait ses premières transactions sur des fonds grâce au déploiement d’une technologie blockchain. Des centaines d’opérations plus tard, la start-up souhaite s’internationaliser et commencera par le Luxembourg et l’Irlande. Son directeur général, Jean-Robert Hervy, revient sur cette offre alternative d’un nouveau genre.

Décideurs. Comment le marché des transactions fonctionne-t-il ?

Jean-Robert Hervy. Habituellement, quand un investisseur souhaite acheter une part de fonds, il passe par des acteurs bancaires. Il doit ouvrir un compte titre, demander à l’établissement de mener la transaction, celui-ci prend l’ordre, va voir le dépositaire du fonds pour le passer, etc. C’est un processus chronophage sur lequel les banques se prennent une marge. En outre, ce marché, qui certes fonctionne, est fortement intermédié et ne répond pas à la tendance qui consiste à rapprocher les clients de leurs fournisseurs. Aujourd’hui, les investisseurs préfèrent acheter directement les produits, à moindre frais et plus rapidement.

Quelle solution alternative proposez-vous ?

Nous nous appuyons sur une loi dont le décret d’application a été publié fin 2018. Désormais, lorsqu’une personne vend ou achète une part de fonds via la blockchain – technologie que nous utilisons – elle en devient légalement propriétaire, sans crainte que le registre disparaisse. Nous avons également obtenu l’agrément d’entreprise d’investissement de l’ACPR et l'AMF qui est une garantie supplémentaire vis-à-vis de nos clients et offre la possibilité de commercialiser plus facilement les fonds à l’international.

Comment fonctionnez-vous ?

Nous sommes un logisticien qui permet de mener des transactions sur les fonds. Notre plateforme, hébergée sur nos serveurs, est autonome de bout en bout. Elle gère les KYC (ensemble des réglementations permettant de connaître les clients) avec un même niveau d’exigence que les banques jusqu’au traitement de la transaction. Quand une personne investit sur Iznes, elle n’a besoin de rentrer ses informations qu’une seule fois et peut accéder à tous les produits disponibles. Quel que soit notre lien avec les sociétés de gestion, nous présentons tous les fonds de manière agnostique et avec des frais d’opération similaires.

"Nous sommes un logisticien qui permet de mener des transactions sur les fonds"

Quel est l’intérêt pour des sociétés de gestion concurrentes de mettre leurs produits sur votre plateforme ?

Nous avons co-construit notre plateforme avec les sociétés de gestion. Celles-ci acceptent de mutualiser leurs forces pour disposer d’un outil transparent qui assure la pérennité de leur modèle. Elles souhaitent également voir désintermédié le marché afin d’être au plus près de leurs clients. En prenant les choses en main, elles pourraient aussi éviter qu’un acteur de la tech se saisissent du rôle d’intermédiaire et finisse par distribuer ses propres produits. En janvier, Generali et Apicil sont entrés au capital d’Iznes, qui comptait déjà un consortium de six gestionnaires.

Qu’est-ce que cela change pour vous ?

Nous allons notamment traiter les ordres en unités de compte pour Generali, en déployant notre solution au sein des sociétés de gestion qui travaillent avec eux. Une fois que leurs fournisseurs seront référencés sur notre plateforme – ce qui demande un effort de mise en place initial –, les fonds de ces sociétés pourront être mis à disposition de leurs autres clients. Ce qui leur ouvre un canal de distribution supplémentaire.

Un profil type se dégage-t-il chez les utilisateurs de votre plateforme ?

Non. Toutes les tranches d’âges s’intéressent à ce type de technologie. Au départ, ce sont les professionnels de la finance qui se montraient plutôt dubitatifs quand nous les approchions. En réalité, leurs clients et investisseurs, tels que les grands corporates industriels, utilisaient déjà des solutions blockchain dans leur chaîne logistique et ont très vite adhéré au projet.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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