Les tensions de recrutement forcent les entreprises à considérer de près les attentes des candidats. Virginie Lleu, coleader de la practice santé de Chaberton Partners revient sur son rapprochement avec le cabinet européen, ainsi que la quête de sens des candidats.

Décideurs. Quel est l’état d’esprit des candidats en ce moment ?

Virginie Lleu. Les attentes des entreprises comme celles des candidats ont évolué. Nombre d’entre eux recherchent désormais des expériences plus entrepreneuriales, que ce soit au sein de filiales de grands groupes, dans des start-up, ou même dans le cadre d’une création d’entreprise. De leur côté, les sociétés aspirent à intégrer et valoriser des profils diversifiés, qui capitalisent souvent sur des expériences internationales et qui peuvent naviguer dans des environnements agiles, souvent complexes, en plus d’être soumis à de rapides changements.

Les candidats, tout comme les dirigeants et les experts, souhaitent contribuer à un projet à travers lequel ils vont trouver du sens. L’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ainsi que la qualité de vie constituent désormais des facteurs indispensables. Au sein de l’écosystème santé, le sens est tout trouvé. Ils veulent voir l’impact de leurs actions et participer à une aventure entrepreneuriale ou capitalistique. Ces dernières années, un certain nombre de dirigeants qui s’étaient expatriés aux États-Unis désirent revenir en Europe avec l’envie de contribuer différemment. Leur expérience constitue un atout précieux pour piloter une éventuelle implantation outre-Atlantique.

Dans quelle mesure les mandats ont-ils évolué ?

Nous accompagnons tous les acteurs, tels que les laboratoires pharmaceutiques, biotech, start-up, medtech, les hôpitaux privés et publics, jusqu’aux groupements de cliniques privées. Ces dernières années, nous collaborons davantage avec de petites ou moyennes entreprises, start-up, PME ou sociétés de services, qui ont d’importants besoins en recrutement, et avec lesquelles nous nous inscrivons dans une logique de partenariat. Un nombre croissant de startup nous sollicitent pour rechercher des Board Members indépendants au-delà des profils expérimentés qui occuperont des postes clés de l’organisation. De plus en plus, nos clients font appel à nous dans un rôle de conseil pour les aider à réfléchir à leur organisation cible et à travailler avec eux sur leurs enjeux de transformation. Nos clients sont basés aussi bien à Paris qu’en province. Mais nos chasses sont pour la plupart globales, car les profils que nous recherchons doivent avoir "coché la case" de l’international dans leur parcours.

"Les profils que nous recherchons doivent avoir "coché la case" de l’international dans leur parcours"

Comment vous inscrivez-vous en tant que partenaire privilégié auprès de vos clients ?

L3S Partnership, le cabinet que j’avais créé, s’était inscrit en tant qu’acteur incontournable du recrutement de dirigeants et d’experts en life sciences. Mes équipes et moi-même avons rejoint Chaberton Partners en 2023, alors que le cabinet venait de s’installer en France en janvier. Aujourd’hui, je pilote la practice santé avec Louise Duerr, qui est basée en Suisse. Notre présence internationale, avec 200 consultants dans le monde, au-delà de la France, notamment en Suisse, Italie, au Royaume-Uni et en Autriche, nous permet de mener encore plus de projets à dimension internationale en synergie avec les équipes des différents pays et de partager des best practices. Nous avons une activité Executive et Professionals, notamment avec Charlotte Bigotte, mais aussi d’autres consultants en France, ce qui nous permet de servir nos clients sur l’ensemble de leurs besoins. Nous avons également une activité de management de transition, extrêmement précieuse, qui offre une bonne alternative à certains de nos partenaires. Nous renforçons actuellement les équipes et nous étendons nos activités à d’autres pays, notamment en Allemagne, en Suisse et en Angleterre.

Quels types de profils recrutez-vous ?

Nous recherchons des personnes de talent, aux profils divers et atypiques, disposant d’un haut niveau technique et scientifique, associé à des qualités humaines fortes, transposables à différents secteurs. Ces candidats interviennent de plus en plus dans le domaine des medtech, de l’innovation, des maladies rares, de l’oncologie, mais aussi des projets thérapeutiques disruptifs, tels que les thérapies cellulaires. La diversité des profils est un réel apport pour les clients qui bénéficient d’un large éventail de compétences.

"Il est parfois presque plus facile d'attirer [des candidats] des États-Unis, que d’Angleterre" 

Comment vous différenciez-vous des autres cabinets ?

Chez Chaberton, la plupart de nos consultants disposent d’un passage en entreprise, au sein de grands groupes ou TPE et PME. Leur expérience nous permet d’offrir une dimension de conseil au-delà du recrutement pur. Nous accompagnons nos clients non seulement dans la stratégie de recrutement de profils talentueux, mais également dans le développement global de leur entreprise.

Dans votre recherche de candidats, quels sont les obstacles auxquels vous pouvez faire face ?

Certains candidats, basés en Europe, ne sont pas mobiles. Il est parfois presque plus facile de les attirer des États-Unis, que d’Angleterre par exemple ! Nous sommes en Europe, pourtant il n’existe pas de contrat de travail européen. Ainsi un Allemand ou un Suisse souhaitera conserver un contrat de travail dans son pays d’origine pour des raisons familiales ou fiscales et travailler complètement à distance. L’évolution du package salarial en France ne suit pas le rythme observé en Suisse, en Allemagne ni, a fortiori, au Royaume-Uni. Cette disparité constitue un obstacle supplémentaire pour attirer les talents. Ce qui en fait un défi majeur pour les start-up françaises et, par extension, la compétitivité nationale.

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