Les équipes de Messieurs Hottinguer & Cie Gestion privée reviennent pour nous sur les grandes tendances qui ont marqué l'actualité de la gestion de patrimoine au cours des derniers mois.

Décideurs. Doit-on opposer banque privée et digitalisation ?

 

Martine Brousmiche. Une banque privée telle que la nôtre doit poursuivre son processus de digitalisation afin d’offrir à ses clients des services supplémentaires de consultation consolidée et de site actif. En revanche, le conseil patrimonial tel que les clients peuvent l’attendre de la part d’une banque privée nécessite une dimension humaine aussi importante que les questions financières, confidentialité et écoute priment sur toute autre chose.

Désireux de construire un climat de confiance équivalent à celui qu’entretient un patient avec son médecin, il nous semble impossible d’analyser efficacement et totalement le patrimoine d’une personne en créant une relation purement digitale. Cette tendance, si elle devait s’installer, pourrait nuire, à mon sens, à la prise en compte de la dimension humaine et familiale du patrimoine.

 

Coralie Smette. L’une des grandes tendances de ces dernières années est d’engager la responsabilité du conseil patrimonial. Il nous semble difficile de le faire sans connaître le client de manière directe et sans avoir une idée précise du contexte dans lequel la question est posée. Chaque question patrimoniale nécessite un champ d’investigation important. Donner un conseil en ligne, c’est prendre le risque qu’il soit inadapté.

 

M. B. Restant très attachés au modèle de banque de services, nous ne souhaitons pas entamer un processus de digitalisation à 100 %. Cela entraînerait une mutation trop profonde du métier tel que nous l’exerçons depuis maintenant deux cents ans.

 

Décideurs. Comment vous positionnez-vous par rapport aux conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) ?

 

M. B. Nous voyons les CGPI davantage comme des partenaires que des concurrents. Par définition, ces conseillers sont à la recherche des offres les plus adaptées à leurs clients. Dans ce cadre, nos équipes sont mobilisées afin de les accompagner dans toutes leurs demandes : nous choisir comme partenaire peut être un atout dans le développement de leur clientèle.

 

C. S. Nous n’avons pas vocation à nous implanter en province. Les CGPI nous offrent, à cet égard, la possibilité d’entretenir un lien de proximité fort avec les clients établis en région. Véritables partenaires, les conseillers en gestion de patrimoine assurent la relation commerciale tandis que nous leur mettons à disposition la qualité de notre expertise ainsi qu’une infrastructure bancaire parfaitement sécurisée. Les CGPI nous sollicitent également pour notre savoir-faire en matière d’ingénierie patrimoniale, notre offre de gestion sous mandat et de gestion collective et notre soutien au niveau réglementaire.

 

C. S. En réponse à votre question, le développement de grands groupements de CGP soulève, plus généralement, la question de la définition du métier. Certains acteurs ont ainsi bâti leur propre société de gestion. Or, pour ma part, un conseiller indépendant est celui qui n’a pas d’offre interne et peut aller chercher à l’extérieur tous types d’offres. Quelle est aujourd’hui la frontière entre la gestion privée et un CGPI ? Cette question mérite d’être posée.

 

Décideurs. Il existe des centaines de fonds labellisés patrimoniaux. Comment les investisseurs peuvent-ils apprécier le niveau de risque de chacun d’eux ?

 

Florent Grivory. Avant toute chose, il convient de revenir à l’essence même d’un fonds patrimonial et de définir sa fonction dans la gestion d’actifs. Il doit, à mon sens, constituer le fonds de portefeuille, c’est-à-dire être un placement de long terme avec une gestion prudente et délivrant des performances régulières. C’est un socle de gestion autour duquel pourront être bâties différentes stratégies satellites. L’objectif de réaliser une performance dans la durée et sans à-coups implique une prise de risque mesurée et une allocation d’actifs flexible afin de pouvoir diversifier les placements et faire varier les expositions au gré des situations de marché. Pour apprécier le niveau de risque, l’investisseur pourra notamment prendre en compte deux éléments. Le premier est l’indicateur de risque du Dici (document d’information clé pour l’investisseur) situé sur une échelle de 1 à 7 et fondé sur la volatilité passée du fonds. Si cet indicateur ne présage pas de la volatilité à venir, il renseigne sur le comportement du fonds lors des périodes précédentes. Un fonds patrimonial se situera toujours entre 2 et 4. Le second élément est la fourchette sensibilité action autorisée qui ne se borne pas aux seules actions mais qui intègre l’exposition actions à travers d’autres classes d’actifs. Elle ne devrait pas excéder 50 %. Les fonds proposant une exposition pouvant aller de 0 à 100 % seraient plutôt à ranger dans les fonds flexibles.

 

A.F.

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