Le gérant et cofondateur de DNCA finance estime que la classe d'actifs la plus pertinente à long terme est celle des actions. Il pense toutefois que certaines valeurs pourraient souffrir du ralentissement de la croissance de certains pays émergents et que nous devrions, de nouveau, faire face à une forte volatilité des marchés.

Décideurs. La distinction entre les titres value et les titres de croissance vous semble t-elle pertinente ?

Xavier Delaye.« Je ne suis pas forcément un grand partisan de la distinction entre les titres value et ceux de croissance. Des sociétés peuvent être considérées comme des value trap car elles n’ont aucune croissance sur leur résultat et ne pourrons jamais révéler leur valeur intrinsèque. Mais prenons l’exemple d’Orange. Sa rentabilité opérationnelle a baissé constamment  en raison de la guerre de prix dans le mobile jusqu’à ce qu’elle atteigne un seuil plancher. A partir de cette année, cette dernière va se redresser et enclencher un cycle de croissance des résultats. Ce type de valeur redevient intéressant. De statut « value trap » elle se transforme en «  value de croissance ». À l’inverse, des « valeurs de croissance » peuvent connaître un fort ralentissement et être moins pertinentes pour un investissement comme c’est aujourd’hui le cas de L’Oréal.

 

Décideurs. Vous pouvez arbitrer vos investissements parmi plusieurs classes d’actifs. Quelles sont celles qui ont à ce jour votre préférence ?

X. D. La partie obligataire représente actuellement 30 % de notre portefeuille. Nous y adoptons une stratégie « buy and hold » avec une sélection minutieuse de titres dont la maturité se situe entre deux et trois ans. Sont ainsi privilégiées des obligations à haut rendement de qualité telles que Faurecia ou Volkswagen. Les titres de dette ne constituent toutefois pas la classe d’actifs que nous privilégions actuellement. Une seule classe d’actifs nous paraît, en effet, pertinente à long terme, celle des actions. En ce début d’année, nous y sommes investis à hauteur de 58 %. Elles sont rendues relativement attrayante par un rendement du dividende autour de 3.6%, une valorisation raisonnable si le taux de croissance des résultats de 7% se vérifie. Cette distribution se fait malheureusement au détriment de leur investissement. Notre stratégie est d’essayer d’arbitrer entre les actions et le cash en gardant à l’esprit que le marché devrait être volatil dans les mois à venir.

 

Décideurs. Les valeurs européennes pourraient, elles aussi, souffrir du ralentissement de la croissance de certains pays émergents.

X. D. C’est la raison pour laquelle nous ne sommes que très peu investis sur des sociétés dont le développement économique repose sur ces exportations avec la Chine et plus généralement les pays émergents. Seul 7 % du chiffre d’affaires des sociétés de notre portefeuille est exposé à ces pays. Je le concède, les chiffres de la croissance européenne sont également un peu décevants. La baisse du prix du pétrole n’a pas encore soutenu la consommation dans les proportions que nous étions en droit d’espérer. Certaines sociétés devraient cependant se montrer à leur avantage. Parmi elles figurent Saint Gobain. Cette firme spécialisée dans les matériaux de construction présente un niveau de marge élevé. Son positionnement devrait lui permettre de profiter de la reprise des marchés immobiliers européens et américains et du redressement à terme de l’économie russe. Nous sommes également résolument optimistes pour Atos. Grâce à des acquisitions biens senties et de fortes synergies avec ces nouvelles entités, la société a retrouvé le chemin d’une croissance durable et a accentué son développement vers les activités cloud et la cybersécurité. Citons, en outre, Air liquide dont l’acquisition de la firme américaine Airgas est en train de tenir toutes ses promesses.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2016 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs

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