Modèle d’une société de gestion entrepreneuriale à la française, DNCA est passée en 2015 sous le giron de Natixis après quatre années sous LBO. L’occasion d’évoquer avec Éric Franc les raisons qui ont poussé DNCA à s’adosser à un industriel plutôt que de réaliser un LBO secondaire.

Décideurs. Après un partenariat réussi avec Banca Leonardo et TA Associates, vous vous êtes associés à Natixis Global Asset Management (NGAM). Pourquoi avoir choisi de lier votre destin à la filiale de Natixis ?

Éric Franc. L’arrivée en 2007 d’un premier actionnaire institutionnel majoritaire au capital de DNCA, Banca Leonardo, a été un élément déterminant de notre développement. La banque nous a offert un accès privilégié au marché italien, tant et si bien qu’aujourd’hui un tiers des actifs que nous gérons vient de ce pays. En 2011, Banca Leornardo a cependant pris la décision de céder la majeure partie de sa participation à TA Associates ainsi qu’à nos collaborateurs dans le cadre d’un LBO primaire. À la suite de cette opération, le fonds de capital-investissement américain détenait 50 % du capital de DNCA, Banca Leonardo en conservant 9 %, tandis que le reliquat était entre les mains des fondateurs et des collaborateurs. Une expérience qui a permis à ces derniers de mettre en perspective les avantages et les inconvénients d’un partenariat purement financier avec ceux d’une alliance industrielle. Au contraire de Leonardo, TA Associates ne nous a rien apporté en termes de business. Ainsi, lorsqu’en octobre 2014 s’est posée la question du changement d’actionnaire, les fondateurs et collaborateurs ont privilégié les projets présentés par des partenaires industriels, et notamment NGAM. Fort de cette alliance, notre nouvel actionnaire met à notre disposition ses capacités de distribution internationales. Un acteur qui a par le passé démontré qu’il pouvait accompagner avec succès des boutiques anglo-saxonnes au profil très proche du nôtre. Dans ce cadre, Natixis a su conserver l’equity people au sein de chaque structure en mettant en place des formes de partnership, à l’image de ce qui se pratique dans les cabinets d’avocats et les banques d’affaires. Soulignons enfin que l’arrivée d’un acteur tel que Natixis assure la pérennité de DNCA.

 

Décideurs. Pourtant l’arrivée d’un fonds d’investissement à votre capital et la mise en œuvre d’un LBO a permis à la moitié de vos collaborateurs d’accéder au capital.

E. F. Effectivement. Mais comme vous le savez, les managers peuvent rencontrer d’importantes difficultés lorsqu’ils souhaitent sortir du LBO. Il n’est, en effet, pas toujours aisé d’aligner les intérêts du fonds sur ceux des fondateur et des managers. Si nous étions repartis avec un nouveau fonds de private equity, les collaborateurs n’auraient pas réussi à monétiser la totalité de leurs investissements. Pour cette raison, nous avons préféré décliner les propositions émanant de fonds. Nous devions, par ailleurs, trouver un acteur ayant la surface financière nécessaire pour acquérir une large part du capital. Dans ce cadre nous avions entamé des discutions avec Natixis Global Asset Management, mais également avec un certain nombre d’acteurs anglo-saxons, tels qu’AMG ou Royal Bank of Canada.

 

Décideurs. N’avez-vous pas peur de perdre ce qui fait votre force : votre indépendance ?

E. F. La plus grande plus-value apportée par Natixis réside dans la mise en œuvre de sa stratégie « multiboutique ». Dans ce cadre, elle laisse aux équipes déjà en place une très grande autonomie. Notre stratégie de gestion ne fait l’objet d’aucune ingérence de sa part. NGAM est seulement présent sur les questions relatives aux risques et à la compliance.

Le groupe a conscience que notre marque et notre liberté sont notre force. Natixis applique cette politique pour toutes les boutiques dans lesquelles elle est actionnaire.  

 

Décideurs. Vous avez pour ambition de continuer votre développement à l’international, notamment en Espagne et en Suisse. Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour y parvenir ?

E. F. Notre développement à l’international se fera step by step. L’année dernière, nous avons fait le choix de décliner des demandes visant à enregistrer nos produits à Singapour et à Hongkong. La priorité fut donnée au lancement de notre gamme de fonds sur les marchés suisses et espagnols. Les premiers résultats furent excellents en Espagne avec pas moins de 600 millions d'euros collectés en l’espace de huit mois. En Suisse, le démarrage est plus ardu, dans un pays déjà bien doté en solutions d’investissement, avec seulement 80 millions d'euros de collecte. En parallèle, nous sommes entrés sur le marché britannique. Pour continuer à gagner des parts de marché, nous nous appuyons sur la plate-forme mondiale de distribution de NGAM. Avec son soutien, nous espérons conquérir une nouvelle clientèle institutionnelle.

 

Décideurs. DNCA propose à ses clients une large gamme de placements (fonds actions, fonds obligataires, fonds diversifiés, fonds de performance absolue). Avez-vous pour projet d’étendre encore cette offre ?

E. F.  Les actions européennes demeurent l’ADN de la société. Nous allons élargir notre spectre d’investissement en lançant deux nouveaux fonds sur cet univers.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

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