La start-up Investigroup créée en 2016 a pour vocation de démocratiser l’investissement boursier. Pour cela, elle a développé des produits et services pédagogiques. Thibault de la Baronnière, un des quatre fondateurs, a répondu à nos questions.

Décideurs. Quel est votre positionnement aujourd'hui ?

Thibault de la Baronnière. Le constat est assez simple : moins de 10 % des Français disposent de titres financiers. Pour autant, la plupart savent que leur retraite n’aura rien à voir avec celle dont leurs parents ont bénéficié par le passé. Il y a une vraie demande pour investir mais les gens ne savent pas comment faire. En B2C, l’idée est que « M. et Mme Martin », via Investischool ou Investinews, soient à terme en mesure de comprendre la finance et l’économie et d’apprendre comment fonctionnent les marchés pour entrer dans une démarche régulière d’investissement. En B2B2C, ce sont les salariés des établissements bancaires que nous visons, et in fine leurs clients. La connaissance financière des employés est parfois limitée, et grâce à Investigroup, un dirigeant peut leur offrir une formation adéquate qu’ils utiliseront pour mieux conseiller les clients. Nous sommes d’ailleurs en discussion très avancée avec certains établissements bancaires pour développer des partenariats. Le projet Investibox, qui est encore soumis à l’autorisation de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), proposera aux gens d’investir dès vingt-cinq euros. C'est à l’heure actuelle impossible sur le marché. Nous serons à 99 centimes d’euros l’ordre en dessous de 500 euros, un montant très accessible. Aucun autre acteur ne cible cette clientèle-là. Nous ne faisons pour autant pas de gestion de portefeuille. Chez Investigroup, l’aspect formation se distingue de l’aspect conseil.

Comment expliquez-vous le faible goût des Français pour la finance ?

La première erreur est de croire que c’est compliqué. En réalité, ça ne l’est pas. Il faut replacer les choses dans leur contexte : dès le lycée, on nous a peu expliqué les principes de l’économie et de la finance. On peut arriver au baccalauréat sans aucune connaissance dans ces disciplines. On a d’ailleurs réalisé un micro-trottoir à propos de cela, et le constat parle de lui-même. Les gens disent avoir du mal à gérer leur budget ou à comprendre comment fonctionne une entreprise. Dans un tel environnement, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils soient en mesure d’acheter des actions et des obligations ! Se mettre à investir, c’est comme apprendre une langue étrangère : ce n’est pas compliqué en soit, mais il faut le faire régulièrement. La Bourse, ce n’est pas noir ou rouge comme le casino. Ce sont des perspectives de long terme, et cela, les gens ont parfois du mal à l’intégrer.

« Nous ne vendons pas de rêve aux gens »

Beaucoup de sociétés de ce type se sont déjà créées et misent souvent sur le marketing, pour faire in fine perdre de l’argent à leurs clients…

Il y a deux types d’activité qui existent déjà sur le marché, dont les arnaques au Forex auxquelles vous faites référence. Ces sociétés vendent l’inverse de ce que nous promouvons, à savoir le gain à court terme et un enrichissement rapide. En Bourse, c'est un leurre, on ne le dira jamais assez. Leur technique est basée sur du marketingn agressif, nous ne bataillons donc pas sur le même champ de logique. Entre 2009 et 2012, d’après l’Autorité des marchés financiers (AMF), neuf clients sur dix ayant investi sur le marché des devises auraient perdu l’équivalent de 11 000 euros sur le Forex et les CFD. Nous, nous ne vendons pas de rêve aux gens. De l’autre côté, il y a les start-up comme Yomoni, plus sérieuses, mais qui ne font pas non plus la même chose que nous. Leur problème est qu’elles se focalisent sur les CSP +, qui sont déjà la cible des brokers en ligne établis ou des grandes banques.

Une formation à quinze euros par mois suffit-elle pour savoir gérer un portefeuille d’actifs, si modeste soit-il ?

Bien sûr. À l’heure actuelle, plus de 170 cours, avec à peu près 500 questions pour tester ses connaissances, sont intégrés dans Investischool. Des vidéos et des quiz sont également disponibles pour s’autoévaluer. Si en plus, tous les jours, vous prenez le temps, c’est-à-dire trois minutes, de vous tenir informés de l’actualité économique via Investinews, vous atteignez vite un niveau de connaissances assez abouti. Après, les gens n’en font pas forcément leur métier, mais pour devenir un investisseur qui sait et qui comprend ce qu’il fait, cela suffit.

Quel modèle économique avez-vous construit autour de ces offres ?

Nous avons plusieurs produits et chacun a son mode de rémunération : publicité, abonnement, crédit cadeau. Cela nous permet d’avoir des bases de revenus diversifiés.

À quelle échéance visez-vous la rentabilité ?

Nous ne sommes pas rentables à l’heure actuelle. Mais les projets Investinews et Investischool ont été lancés au premier trimestre de 2017. Si la Box sort d’ici la fin de l’année, nous devrions être rentables à la fin de l’année prochaine. Nous avons un burn rate [taux d’épuisement des fonds] très faible, donc nous n’avons pas de problème financier à moyen terme, seulement de belles perspectives d’évolution.

 

Propos recueillis par Augustin Robert

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