En 2017, le bitcoin voyait sa valorisation exploser de 1 500 % pour atteindre près de 20 000 dollars mi-décembre. Après une forte baisse, son cours semble se stabiliser et oscille entre 8 000 et 10 000 dollars. Une bonne chose selon Zoé Brejon de Lavergnée, manager chez Investance Partners, qui estime, entre autres, qu’une trop grande volatilité nuit à l’émergence du bitcoin en tant que monnaie. Explications.

Décideurs. La correction subie par le cours du bitcoin en ce début d’année vous inquiète-t-elle ?

Zoé Brejon de Lavergnée. Elle était nécessaire. Au cours du dernier trimestre 2017, la valorisation du bitcoin a triplé. À elle seule, la capitalisation du bitcoin représente presque 50 % du marché des cryptomonnaies. Cette envolée n’était pas saine et s’expliquait surtout par l’arrivée massive d’investisseurs particuliers attirés par l’appât d’un gain rapide. Cette correction permet de normaliser les choses.   

Peut-on aujourd’hui considérer le bitcoin comme une monnaie ?

Pas encore. Le bitcoin se définit plutôt comme un actif financier ou encore un cryptoactif. Cela s’explique par deux principaux facteurs. L’inflation a atteint un niveau tel fin 2017 que personne ne souhaitait dépenser ses bitcoins. La normalisation des cours pourrait changer la donne à terme. La deuxième explication est que l’acceptation d’une nouvelle monnaie prend du temps. Plus que ce que certains anticipaient. Il est en effet plus facile de faire confiance à un tiers historique plutôt qu’à une technologie encore peu comprise. Mais l’essor du bitcoin comme actif financier est une première étape. En se démocratisant, les cryptomonaies gagnent en notoriété d’abord, puis en légitimité.

Les cryptomonnaies sont-elles suffisamment réglementées ?

Non, il y a des progrès à faire dans de nombreux domaines. La plupart des acteurs du marché s’accordent à dire qu’une meilleure régulation est souhaitable. Plus les gens auront confiance dans les cryptomonnaies, plus elles pourront se développer. La réglementation doit se concentrer sur trois thèmes. Le premier concerne les Initial Coin Offering (ICO). L’AMF a lancé une consultation à ce sujet l’an dernier et vient juste d’en publier les conclusions. Il y a un consensus pour aller vers plus d’encadrement afin d’éviter au maximum les dérives et de limiter les risques pour les investisseurs. L’institution devrait opter prochainement pour la mise en place d’un visa qui viendrait valider la cohérence de l’opération financière. Le second sujet porte sur la taxation des plus-values. Actuellement en France, il n’existe pas de cadre spécifique, ce n’est qu’interprétation des textes existants. Dans la plupart des cas, les gains enregistrés viennent élargir l’assiette d’imposition. La communauté souhaiterait combler ce vide juridique en créant une flat tax (qui se situerait probablement autour de 30 %). Le dernier sujet concerne les plate-formes d’échange afin de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Très en avance sur cette thématique en France par exemple, elles sont demandeuses de réglementation pour asseoir leur réputation. Il s’agit essentiellement d’un besoin de justification de l’origine des fonds et de vérification de l’identité du client.

« En se démocratisant, les cryptomonnaies gagnent en légitimité »

Le nombre de cryptomonnaies ne cesse de grandir. Est-ce un simple effet de mode ?

Début 2018, on recensait environ 1 200 cryptomonnaies. Ce chiffre n’est bien sûr pas viable à long terme. Le marché devrait connaître une forte consolidation dans les années à venir.

Propos recueillis par Vincent Paes

 

25 000 Le nombre de détenteurs français de Bitcoin, soit moins de 0,05 % de la population. Ils sont 33 % de la population active en Corée du Sud.

17 M Le nombre de bitcoins en circulation.

21 M Le nombre maximum de bitcoins qui sera créé d’ici à 2140.

1 000 personnes détiennent 40 % des bitcoins dans le monde.

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