La crise serait-elle en train de modifier durablement nos habitudes en matière de paiement ? Alors que les Français se sont massivement pliés aux injonctions à préférer le paiement sans contact aux autres modes de règlement, les spécialistes s’interrogent sur la pérennité de ces nouveaux usages.

Las affichettes ont fleuri dans tous les commerces essentiels encore ouverts. Tous les clients sont dorénavant invités à privilégier le paiement sans contact, par carte ou par mobile. Un message clair qui semble avoir atteint sa cible. En effet, pour éviter de multiplier les contacts et donc les risques de contagion, les Français se sont massivement employés à maintenir une distance physique entre eux, y compris au moment de régler leurs achats.

Le paiement sans contact explose …

Selon l’Observatoire Afterbanking des nouveaux usages bancaires d’Orange Bank publié aujourd’hui, « le paiement sans contact, assimilé à un geste barrière contre la transmission du virus Covid-19, et la sécurité qu’il procure ont fait bondir les paiements mobiles, via le téléphone, avec des montants unitaires d’achat supérieurs de 60 % à leur niveau habituel ». De même, les achats en ligne sont en croissance de près de 30 % fin mars par rapport à fin février. En revanche, le paiement en espèces n’a pas le vent en poupe. Selon le groupement Cartes bancaires CB, le nombre de retraits et le volume d’espèces retirés ont chuté de près de 60 % sur la semaine du 23 au 29 mars. Enfin, les paiements par carte bancaire ont également marqué le pas. Ils ont « chuté de 50 % la semaine dernière par rapport à 2019 » confiait Bruno Le Maire au JDD. Une conséquence logique du confinement, venant confirmer les efforts des Français pour ne sortir faire des achats qu’en cas de nécessité. D'ailleurs, s'ils utilisent moins souvent leur carte, le montant moyen des achats est bien supérieur à la normale. « Les montants unitaires des paiements par cartes bancaires sont en hausse de près de 30 %, signe que les français se concentrent sur un nombre limité d’achats », confirme l’Observatoire d’Orange Bank.

… jusqu’à quand ?

Au-delà de ces enseignements, la véritable question concerne la pérennité de ces nouvelles habitudes. Certes, il y a fort à parier que certains consommateurs conservent l’habitude de payer sans contact après la fin du confinement et de la crise sanitaire. Mais cela restera-t-il marginal ? Pour Martina Weimert, associée chez Olivier Wyman et interrogée par Le Figaro, « la confiance dans les espèces, susceptibles de véhiculer le virus, risque d’être ébranlée pendant un certain temps ». De quoi laisser l’occasion aux consommateurs de se faire aux nouveaux moyens de paiement et, in fine, « accélérer le déclin du cash, à l’œuvre depuis plusieurs années ». Une analyse qui n’est pas partagée par tous. Les Français tiennent aux cash. L’année dernière dans l’Hexagone, 67 % des paiements étaient effectués en liquide. Un chiffre très élevé qu’un confinement de quelques mois aurait du mal à remettre en cause d'après quelques experts.

Le plafond du "sans contact" revu à la hausse

Alors que les banques guettent la situation avec intérêt, pour être sûres d’offrir à leur clientèle tous les services dont elle a besoin, la Fédération bancaire française (FBF) vient d’annoncer que le plafond du paiement sans contact passerait de 30 euros à 50 euros le 11 mai. Déjà sentamées avant le confinement, les discussions pour aboutir à un accord sur le sujet ont évidemment été accélérées dans les conditions sanitaires actuelles. Nécessitant des ajustements techniques énormes, le relèvement du plafond devrait être opérationnel pour le début du déconfinement annoncé par Emmanuel Macron. Avec l’ambition d’accompagner au mieux la reprise de la consommation.

S.V.

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