Les produits structurés ont beaucoup fait parler d’eux durant l’année 2020.

Il faut dire qu’ils sont souvent présentés comme des solutions de diversification efficaces lorsque les marchés sont chahutés. La raison ? Offrant une relative protection du capital, ces produits rassurent particulièrement l’investisseur en cas de marchés baissiers et volatiles. Il s’agit toutefois d’un actif sophistiqué nécessitant le recours à des conseils indépendants. « L’eau trouble est le gain du pêcheur », comme dit le proverbe. Comment y voir plus clair dans l’étendue de produits structurés face à une telle période ?

Un allié en temps de crise

Nortia, spécialiste de la conception de solutions financières et filiale du groupe DLPK, publie chaque trimestre son Observatoire du Conseil financier indépendant. Voilà l’occasion d’analyser régulièrement les mouvements d’arbitrage et la collecte, effectués par 1 000 conseillers en gestion de patrimoine (CGP) partenaires actifs pour le compte de leurs clients. D’après le directeur général de Nortia, Philippe Parguey, les CGP « ont été particulièrement réactifs » face à la crise sanitaire et à la forte hausse de la volatilité des marchés. Largement privilégiés par ses CGP partenaires en 2020 sur les comptes-titres, les produits structurés ont également été les principaux bénéficiaires des arbitrages en assurance-vie. Les actions, autres grandes gagnantes des arbitrages ont, quant à elles, fait leur grand retour au quatrième trimestre, sans pour autant éclipser les produits structurés qui, sur la même période, représentaient 15 % de la collecte brute. L’analyste financière Manon Cosyn-Martin explique ce succès par « le niveau bas des sous-jacents au printemps [qui] ont permis de figer de bonnes conditions de rappel anticipé ». Sans oublier les opportunités qui se sont présentées sur le marché secondaire et qui ont participé de l’engouement pour cette typologie de produits.

Du rendement… mais des risques

Guillaume Lucchini, président du cabinet en gestion de patrimoine Scala Patrimoine, reconnaît volontiers que « dans une conjoncture de marchés volatiles ou baissiers, les produits structurés peuvent incarner des produits sécurisants, typiquement recherchés par les personnes averses au risque ». À ce titre, « l’engouement pour ce type de produits en 2020 était donc assez compréhensible », ajoute-t-il, avant de mettre en garde contre la complexité de ces placements, « nécessitant une grande expertise » et une indépendance de l’émetteur. Autant de critères qui permettent notamment d’éviter un « effet marketing » occultant les frais importants trop souvent pratiqués sur ce genre de produit. Patrick Chotard, fondateur de Lynceus Partners, broker en produits structurés, insiste quant à lui sur la nécessité de « maîtriser les caractéristiques [de ces produits, NDLR], comme la lisibilité du sous-jacent ou les risques », le mieux restant l’élaboration de produits sur mesure par des experts. De plus, protection du capital ne signifie pas totale garantie. En effet, Gabriel Outters, business executive du cabinet de gestion de patrimoine Culture Patrimoine, tient à rappeler que ces produits « sont des titres de créances à détenir sur des durées longues avec à terme - pour la plupart - des mécanismes de protection partiels allant jusqu’à - 40 %/- 50 % pour le capital, et jusqu’à - 20 % pour les coupons ».

« Les produits structurés les plus complexes sont les moins performants »

Les marchés baissiers, un terreau favorable ?

Ces placements, souffrant d’opacité, ont fait l’objet d’une doctrine publiée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) en 2010 qui a depuis été mise à jour en 2016, visant à limiter la complexité des produits structurés commercialisés en France auprès du grand public. Le gendarme de la finance alerte par exemple sur le nombre de mécanismes compris dans la formule de calcul du gain ou de la perte du produit, source de confusion pour l’investisseur. Une étude publiée en janvier 20201 mesure l’impact de cette doctrine et conclut notamment à des performances brutes nominales « très largement positives dans la plupart des cas (supérieures à 5 % pour plus de la moitié des produits), y compris lorsqu’elles sont corrigées de l’inflation ». Il ressort de plus dans cette enquête que « les produits structurés surperforment davantage les marchés actions lorsque ces derniers sont baissiers » - ce qui s’explique notamment grâce aux mécanismes de plafond ou de plancher - mais sont moins intéressants dans un contexte de marché haussier. L’étude conclut que pour « les produits [structurés échus analysés, NDLR] les plus complexes sont les moins performants ». Preuve en est, s’il le fallait, que transparence et conseil sont les minimums requis pour que produits structurés rime avec rendement.

1 « La complexité des produits structurés commercialisés en France :  quel bilan de l’action de l’AMF ? », Anne Demartini & Natacha Mosson, janvier 2020.

Dossier réalisé par Aurélien Florin, Sybille Vié et Emilie Zana

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