L’investissement socialement responsable (ISR) et à impact sont au cœur des stratégies de gestion des investisseurs. L’urgence climatique, mais également les problématiques sociétales et de gouvernance révélées par la crise sanitaire sont devenues le fil rouge des sociétés de gestion. Luisa Florez, directrice des recherches en finance responsable et Jean-Marie Péan, analyste impact chez OFI AM, décryptent ces enjeux.

DECIDEURS. Quelle est la différence entre l'ISR et l'investissement à impact ?  

Luisa Florez. Pour nous, l’ISR vient compléter l’analyse financière des entreprises car cela nous permet de bien comprendre les risques et opportunités que tout acteur économique va devoir confronter en prenant en compte des questions ESG.  

Jean-Marie Péan. L’investissement à impact, quant à lui, est réalisé avec l’intention de générer des impacts sociaux et environnementaux positifs tout en générant un rendement financier. Il a pour objectif de cibler les entreprises porteuses de solutions pour répondre aux grands défis qui s’imposent à nous comme le climat, les inégalités sociales, la biodiversité, etc. 

Vous avez mis en place votre chaîne d’impact, comment est-ce que cela fonctionne et pourquoi en avoir élaboré une propre à OFI AM ?  

J.-M. P. Afin d’identifier les entreprises porteuses de solutions, nous travaillons sur une chaîne d’impact appliquée à chaque modèle économique. Elle part d’une analyse de l’intentionnalité de l’entreprise pour aboutir à la mesure des impacts positifs de ses solutions. Des outils spécifiques sont développés en interne. L’intention des entreprises est ainsi mesurée au travers de l’analyse de la contribution positive de leur chiffre d’affaires aux enjeux mais aussi par notre référentiel "MissionFor". Cet outil évalue la mission que se fixe une entreprise, son intégration dans la stratégie et la gouvernance. La mesure de l’impact se fait quant à elle grâce à une approche autour de trois types d’indicateurs : les produits, les résultats et l’impact stricto sensu. Cette approche systématique et homogène nous permet d’accompagner les entreprises sur leur mesure d’impact.  

La réglementation Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) a été récemment mise en place, comment vous êtes-vous adaptés ?  

L. F. Depuis Novembre 2019, nous avons lancé des travaux au sein du comex autour de deux axes : comment OFI AM peut-il mieux se positionner pour accueillir toute la réglementation et comment allons-nous accompagner nos clients institutionnels pour pouvoir les prendre en compte. Concernant les clients institutionnels, OFI avait développé des offres pour les accompagner sur l’article 173 et nous essayons de faire la même chose sur les articles 8 et 9, ou encore sur la taxonomie.  

Comment envisagez-vous la suite ?  

L. F. Nous avons vu la réglementation changer petit à petit. Aujourd’hui, il faut aller au-delà du comply and explain pour mettre en place des mesures correctives. Ces évolutions réglementaires modifient les métiers des sociétés de gestion, ce que nous pensons être essentiel. Les cinq dernières années ont été impactées par l’environnement et le climat, un important travail a été fait et je pense que l’avenir sera marqué par la biodiversité et le social. La Covid-19 a mis en avant toutes les questions liées à la santé et cela va s’accentuer, notamment avec l’émergence d’une taxonomie sociale.  

J.-M.P.  L’approche d’investissement à impact est en pleine expansion mais la communauté des investisseurs à impact doit construire, standardiser les approches méthodologiques pour accompagner les entreprises dans leur compréhension et construction de la mesure. Le chemin est encore long mais il est devenu irréversible pour répondre aux grands enjeux de développement durable. 

Propos recueillis par Marine Fleury 

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