Positionné sur le conseil en investissement financier pour les investisseurs de long terme, Cedrus & Partners se démarque dans le paysage français. William Guilloux, directeur de l’équipe d’investissements, nous précise l’identité de la société ainsi que ses convictions de marché.

Décideurs. Qui sont vos clients ?

William Guilloux. Nous accompagnons des investisseurs de long terme, holdings familiales, fondations, associations et institutionnels. Ils sont confrontés depuis plusieurs années à l’environnement des taux bas qui complexifie la recherche de rendement. Notre rôle consiste donc aujourd’hui à les guider vers des territoires plus techniques, plus confidentiels ou moins accessibles avec des degrés de liquidité plus ou moins élevés.

Quels services proposez-vous en conseil en investissement ?

Notre terrain de jeu est relativement vaste, allant des fonds monétaires aux fonds infrastructures bloqués 30 ans, globalement répartis en deux blocs : les marchés privés et les marchés cotés. Nous proposons une offre de conseil global, un accompagnement de long terme qui vise à structurer une allocation d’actifs stratégique, construire le programme d’investissement année après année et ensuite sélectionner les supports adéquats. Nous intervenons aussi ponctuellement pour des besoins concernant une classe d’actifs spécifique.

Quelles solutions proposez-vous pour vos clients les plus défensifs ?              

Trois approches nous paraissent pertinentes dans un environnement de taux bas :

- les "alternatives yields" qui consistent à remplacer les poches obligataires dans les allocations avec un horizon moyen terme (3-5 ans). Ces stratégies assez niches telles que les "leveraged loans" ou le "trade finance" offrent des rendements de l’ordre de 3 à 4 % par an ;

- l’immobilier, pour la partie la plus long terme (7-10 ans) procure des revenus réguliers et stables qui offrent du confort à nos clients dans la construction de leurs budgets de produits financiers. Les rendements attendus sont par exemple de l’ordre de 5 à 6 % par an dans la santé et la logistique et supérieurs à 10 % dans des stratégies de repositionnement des actifs (value added) ;

- les infrastructures, stratégie sur laquelle nous avons une forte conviction, sont également adaptées pour la partie la plus long terme. Elles permettent, comme pour l’immobilier, de générer des revenus réguliers de l’ordre de 4 à 5 % par an avec une appréciation du capital matérialisée dès l’année 7 offrant des TRI supérieurs à 10 %.

… d’où votre FPCI Private Stars Selection II ?

Ce véhicule, géré par la société de gestion Sanso IS avec Cedrus & Partners comme conseiller externe, et qui a pour objectif de démocratiser l’accès aux actifs non cotés pour les clients privés professionnels et avertis, est justement orienté sur l’immobilier et les infrastructures. Étant sur un point du cycle relativement avancé, et dans cette période post-covid, les investisseurs ont majoritairement besoin de résilience et de sécurité.

"Les investisseurs ont majoritairement besoin de résilience et de sécurité"

Ces deux classes d’actifs offrent selon nous le meilleur rapport rendement/risque actuellement. Elles répondent également aux transformations structurelles en cours de notre mode de vie et de travail, notre rapport aux communications, à la santé. La sphère privée paraît enfin incontournable pour combler le déficit de financement public en matière d’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.

Quelles sont les tendances qui se dégagent auprès de vos clients en matière d'investissement ?

Globalement, le fait de restreindre le fonds euros incite les investisseurs à trouver de nouvelles stratégies. Les marchés privés représentent deux tiers de leurs questions. Il y a probablement un effet rattrapage de l’Europe par rapport aux États-Unis où les grands institutionnels allouent entre 20 % et 40 % sur ces marchés, quand leurs homologues européens, et notamment français, en détiennent à peine 5 %.

"Il y a probablement un effet rattrapage de l’Europe par rapport aux États-Unis"

L’immobilier et la dette privée bénéficient cependant d’une certaine maturité, même en Europe. En revanche, le private equity et les infrastructures sont les deux stratégies les plus plébiscitées aujourd’hui. La première est un moteur de performance séduisant car orienté sur la croissance d’entreprises innovantes lorsque la deuxième coche beaucoup de cases telles que la lisibilité des cash-flows, la résilience et la sécurité.

Qu’en est-il de l’ESG et de l’investissement responsable ?

L’ISR touche tous les types d’investisseurs. Les fonds Article 8 sont pour nous le standard minimum pour implémenter nos allocations. Au-delà des labels et autres directives, l’enjeu pour nos clients est d’investir sur des projets durables, respectueux des équilibres et des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance sans perdre de vue le besoin de performance. L’essor des gammes ESG est parfois complexe. Par exemple dans la classe d’actifs obligataires, les meilleurs rendements proviennent des secteurs comme les utilities, les transports et les matériaux de base qui génèrent 80 % des émissions carbone. Les marchés privés représentent selon nous un des meilleurs moyens de concilier le tout : horizon d’investissement, recherche de durabilité, engagement fort des actionnaires.

Le numérique et vous ?

Il y a un retard à combler en matière de digital sur le secteur de la gestion d’actifs globalement, et c’est un enjeu stratégique pour nous. Les aspects de transparence et de reporting sont très importants pour nos clients, de plus en plus friands de détails sur la composition de leurs allocations et les expositions. Nous avons développé des outils d’agrégation et de suivi de portefeuille sur les marchés cotés et privés, respectivement Spare et Atlas, que nous continuons de faire évoluer.

Les actifs numériques et vous ?

Bien que nous ayons eu de l’intérêt de la part de certains clients, plusieurs barrières doivent être levées avant que nous puissions les proposer sérieusement. Tout d’abord, ce marché n’est pas encore complétement régulé et réglementé. Il paraît difficile de se projeter sur le long terme dans ces conditions.

"La blockchain est une technologie qui peut profondément faire évoluer l’industrie de la gestion d’actifs"

Ensuite, il s’agit d’un marché extrêmement volatil, là encore peu adapté aux investisseurs de long terme. Enfin, la valorisation de ces actifs est loin d’être évidente, nous avons du mal à justifier fondamentalement les niveaux de prix d’autant qu’aucun collatéral ne les soutient. En revanche, il est clair que la blockchain est une technologie qui peut profondément faire évoluer l’industrie de la gestion d’actifs et la rendre plus robuste.

Vous avez le statut d’Entreprise d’Investissement, qu'est-ce qui vous distingue d'un CIF tel qu’un CGP ou un Multi-Family Office ?

Avec ce statut, nous cherchons à démocratiser les programmes d’investissement non cotés (par exemple le FPCI Private Stars Selection II) traditionnellement réservés à nos clients institutionnels en les commercialisant avec nos partenaires CGP ou Multi-Family Office auprès des clients particuliers dès 100k€ (investisseurs avertis). Il nous permet également de déployer notre stratégie d’expansion internationale via la création de succursales européennes (Espagne, Luxembourg). Il renforce enfin nos exigences en matière de gouvernance et de contrôle interne avec un RCSI et le contrôle direct de l’ACPR.

Propos recueillis par Marc Munier

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