La gestion indicielle ou passive a le vent en poupe. Des sociétés de gestion innovantes, ces fameuses fintechs, ont pris le sujet à bras le corps, dont la française Yomoni. Charlotte Thameur, directrice conseil, nous explique cet engouement.

Décideurs. Vous avez récemment dépassé les 500 millions d’euros d’encours, comment y êtes-vous parvenus ?

Charlotte Thameur. C’est tout d’abord l’attrait pour la pédagogie et pour la transparence, le tout avec une facilité d’accès grâce à la plateforme en ligne. Quelqu’un qui débute peut naviguer sur notre site et découvrir assez facilement ce qu’est un investissement, les avantages des produits ainsi que leurs risques. Cela étant dit, plus que les caractéristiques techniques des ETFs, les clients sont demandeurs d’un mandat de gestion transparent, facile d’accès et peu cher. Le bilan après six ans d’activité est clairement enthousiasmant, avec plus de 30 000 clients et des performances annualisées nettes de frais de gestion de plus de 9 % sur notre profil 100 % actions. Le parti pris du numérique dès 2015 s’est avéré gagnant. Au-delà de la démocratisation de l’épargne, nous portons le message que la capitalisation n’est plus réservée à une élite ou à des gens passionnés par l’investissement.

Comment vous définiriez-vous ?

Au-delà du statut juridique, nous sommes une société de gestion numérique, consacrée à la gestion indicielle avec l'objectif d'offrir à tous des performances solides et un accompagnement digne des acteurs haut de gamme.

Quel est le profil type de vos clients ?

Deux profils se dessinent assez clairement. Ceux que l'on nommera "primo-investisseurs", autour de la trentaine, qui commencent à investir sur les marchés. Ce passage à l'acte est souvent concomitant avec l'achat de la résidence principale. À côté de cela, nous accompagnons des clients plus aguerris, avec des patrimoines déjà constitués, souvent déçus par la banque traditionnelle en matière de service ou de rentabilité.

Vous venez de lancer une offre 100 % responsable, qu’en est-il des autres mandats ?

Les indices ESG sont relativement récents, même s’ils semblent avoir de meilleures performances et une volatilité moindre que les indices classiques. Le MSCI World SRI n’a été lancé qu’en 2007, le recul est donc limité. Globalement, je dirais que l'ESG est une volonté tangible et lisible de la part de nos clients et prospects. Cela correspond à 40% de nos ouvertures en assurance vie depuis le lancement en mai. On est en revanche convaincus que la cohabitation des deux offres "core" et ESG fonctionnent parfaitement et que chacun a la liberté de choisir ce qui lui conviendra le mieux.

On parle souvent des avantages des ETFs et de la gestion indicielle, quelles en sont les limites ?

Comme tout produit qui se démultiplie, les ETFs ne sont pas tous de la même qualité. Le coût d’acquisition d’un ETF, son taux de distribution de dividendes ou encore sa capacité à répliquer l’indice de référence peuvent varier. La surproduction d’ETFs, notamment aux États-Unis, implique un travail drastique d’analyse et de sélection. La deuxième limite concerne la rentabilité de celui qui les distribue. Les marges commerciales sont faibles, sans aucune mesure avec la distribution de fonds de gestion active. À l’échelon supérieur, les acteurs de la gestion ont encore beaucoup à faire en matière de transparence sur les frais relatifs à la détention d’unités de compte.

Sur le plan numérique, quels sont vos développements à venir ?

Nous continuons d’innover afin de répondre aux besoins de nos clients. Nous lançons début 2022 une application mobile destinée à nos clients pour la consultation de leurs comptes. Par ailleurs, nous consacrons beaucoup de moyens à la recherche afin de personnaliser au mieux l’expérience client au sein de notre plateforme et d’appréhender leurs besoins. Ce qu’on appelle "intelligence artificielle" fait partie de nos travaux en cours afin d’accompagner les épargnants de façon optimale sur la durée.

Propos recueillis par Marc Munier

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