Romain Noirault, responsable commercialisation des produits structurés sur le marché français pour la clientèle retail au sein de la division banque d’investissement de Credit Suisse, partage avec nous les spécificités de son activité et les perspectives de la banque pour les marchés.

Décideurs. Pouvez-vous présenter Credit Suisse ?

Romain Noirault. Credit Suisse est une banque mondiale qui se positionne parmi les plus grands établissements de gestion de fortune ainsi que sur les métiers de la banque d’investissement et de l’Asset Management. Historiquement, le groupe tient une grande partie de sa renommée de l’activité de banque privée. Grâce à cet accès privilégié au monde de la gestion privée, nous avons développé une offre très élargie de produits pour cette clientèle, dont font partie les produits structurés. Nous proposons cette expertise aujourd’hui à de nombreux clients externes à travers le monde, et particulièrement en Europe et en France.

Quelles sont les spécificités de votre activité ?

La société est présente depuis une quinzaine d’années sur la production et commercialisation de produits structurés en Europe. Arrivé dans l’équipe en 2018, j’avais pour objectif de redynamiser l’activité commerciale sur le marché français auprès des banques privées, réseaux d’assurances et conseillers en gestion de patrimoine, c’est-à-dire tous les canaux de distribution auprès des clients privés au sens large. J’ai pu compter sur une plateforme interne innovante et robuste, particulièrement bien adaptée aux demandes des distributeurs et des investisseurs. Depuis plusieurs années, nous connaissons une croissance exponentielle, celle-ci étant liée à plusieurs éléments : une offre innovante et adaptée aux conditions de marché, une plateforme en perpétuelle évolution et l’élargissement des canaux de distribution disponibles pour la commercialisation des produits structurés, tels que les contrats d’assurance-vie.

La surproduction d’ETFs, notamment aux États-Unis, implique un travail drastique d’analyse et de sélection

Vous êtes un acteur incontournable sur votre segment. Quels sont vos points de différenciation ?

Credit Suisse est internationalement reconnu, notamment pour sa banque privée et pour sa compréhension de l’environnement de la gestion privée. Le développement de l’offre des produits structurés est guidé et alimenté par cette expertise. Avec un siège social basé en Suisse, nous avons un ADN profondément européen et notre établissement offre une alternative forte aux émetteurs « domestiques » sur le marché français. Notre offre diversifiée de produits et de sous-jacents est par ailleurs particulièrement appréciée par nos partenaires.

Quel est votre positionnement sur les critères ESG ?

De manière générale, c’est un focus très fort pour le groupe qui se traduit par de nombreuses initiatives afin de promouvoir les démarches ESG et l’incorpora-tion de la durabilité dans ses processus d’investissement. Au niveau des produits structurés, cela se traduit par le développement d’une vaste offre de sous-jacents ayant une dimension ESG et plus particulièrement notre participation à la création d’indices sur cette thématique, en partenariat avec les principaux fournisseurs d’indices de la place. Cela se traduit également par un gros travail pour mettre en place de nouveaux dispositifs ESG : « green bonds » mais aussi notamment des dispositifs caritatifs. Ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons énormément dans le but de proposer une offre toujours plus étoffée à nos partenaires et investisseurs. Sur ces sujets, il est important de prendre en compte de nombreux paramètres, tels que l’appétit du marché pour ces produits et les recommandations du régulateur, pour mettre en place l’offre la plus adaptée possible.

"Historiquement dominé par des émetteurs français, le marché des produits structurés a vu apparaître ces dernières années plusieurs acteurs étrangers - dont Credit Suisse"

Cela fait plusieurs années que l’on évoque une concentration du marché des différents acteurs de l’épargne. Pourtant, peu d’opérations ont pour l’instant été réalisées. Ce mouvement va-t-il s’accélérer dans les années à venir ?

Cette tendance de concentration est visible chez nos distributeurs et plus particulièrement pour les banques privées et les cabinets de CGPI qui se sont regroupés pour atteindre aujourd’hui des tailles sans précédent. Du côté des émetteurs, on observe, a contrario, une croissance du nombre d’acteurs s’expliquant par l’explosion de l’intérêt pour cette classe d’actif et la recherche de diversification et d’innovation des investisseurs. Historiquement dominé par des émetteurs français, le marché a vu apparaître ces dernières années plusieurs acteurs « étrangers » - dont fait partie Credit Suisse – qui représentent aujourd’hui une part de marché significative.

Quelles sont les tendances qui se dessinent pour les marchés financiers en 2022 ?

Selon nos prévisions, la croissance éco-nomique mondiale devrait progresser de 4,3 % en 2022, restant supérieure à son évolution tendancielle et créant un environnement dans lequel les actions devraient générer des performances attrayantes, même si elles sont susceptibles d’être plus modérées que cette année. La possibilité que certains secteurs soient négativement affectés par les réactions de précaution des gouvernements compte tenu des développements du Covid les plus récents n’est cependant pas à exclure. La politique monétaire sera par ailleurs moins expansive avec le tapering et les premières hausses de taux d’intérêt. Compte tenu des faibles performances attendues des obligations, les investisseurs devraient s’intéresser aux stratégies qui suivent des schémas non traditionnels, de façon à diversifier leurs opportunités. Au vu de l’intensification de la crise climatique, les politiques publiques sont vouées à se concentrer davantage sur les enjeux climatiques. Les investisseurs doivent tenir compte de cette évolution dans leurs décisions de placement.

Propos recueillis par Juliette Woods

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