Spécialiste et leader indépendant des échanges internationaux, au départ et à destination de la France, Heppner représente un modèle en matière d’entreprise familiale pérenne. Retour sur le parcours de Jean-Thomas Schmitt, PDG et représentant de la quatrième génération à la tête de la société.
Jean-Thomas Schmitt (Heppner) : "J’ai eu un excellent président mais j’ai perdu, momentanément, une partie de mon père"
Décideurs. Qu’apporte l’arrivée des nouvelles générations au sein d’un groupe familial ?
Jean-Thomas Schmitt. L’arrivée d’une nouvelle génération permet un renouvellement de convictions et de visions autour de thématiques nouvelles, à la fois économiques et personnelles, comme cela peut être le cas pour la transition énergétique ou numérique. On en tire de nombreux points positifs mais cela ne doit pas nécessairement se faire en rupture mais plutôt en transition avec la génération précédente.
Comment les valeurs familiales et les visions individuelles des membres de la famille peuvent-elles être alignées pour assurer la pérennité de l’entreprise ?
Ces deux paramètres doivent s’aligner sur les fondamentaux établis par les directions précédentes. Dans la phase de transition, il s’agit d’identifier les points de force et communiquer par un dialogue ouvert et de long terme avec les personnes déjà en place. La capacité de l’entreprise à faire cette jointure est très bénéfique pour sa pérennité.
Pouvez-vous parler de votre expérience personnelle ?
J’ai intégré l’entreprise après mes études en école de commerce avec un parcours très formateur en tant que responsable de plusieurs services dans nos agences locales. Ces différentes expériences m’ont permis d’avoir des interactions avec l’ensemble des collaborateurs et partenaires. Après cela, j’ai poursuivi un parcours opérationnel qui m’a fait gravir les échelons un par un, me donnant ainsi une certaine légitimité, autre que celle de « fils de ». J’avais de nombreuses idées à mon arrivée mais il me manquait la stratégie pour les mettre en place, notamment sur la transformation numérique, l’internationalisation de l’entreprise et la transition environnementale.
Où se place le curseur lorsque nous travaillons avec un parent ?
Il faut être deux pour danser le tango. Mon père a eu l’intelligence et le recul nécessaire sur ma façon de gérer l’entreprise et de mon côté, j’ai capitalisé sur le modèle managérial qu’il avait créé et la dimension nationale à laquelle il avait porté l’entreprise. Il y a toujours eu des personnes entre lui et moi avec lesquelles les relations ont été plus ou moins positives. Il m’a laissé essayer, entreprendre et commettre mes propres erreurs sans jamais prendre une posture de père au sein du contexte professionnel. Il y a une phrase qui résume très bien cela : j’ai eu un excellent président mais j’ai perdu, durant cette période une partie de mon papa, surtout lors de la période de transition.
Quelles sont vos ambitions pour Heppner ?
Rester le leader des flux internationaux ; depuis et vers la France, en tant qu’acteur indépendant. Je pense que nous devons consolider nos implantations à l’étranger pour obtenir une taille critique suffisante afin d’assurer un fonctionnement autonome de ces filiales. En matière d’effectif, j’envisage de doubler de taille tous les cinq à dix ans. Nous sommes déjà bien avancés sur la transition environnementale, en particulier en France. Il faudrait que cela suive à l’international.
Propos recueillis par Marine Fleury