Élu en octobre 2011 président du conseil d’administration de l'ACC Europe (ACCE), Iohann Le Frapper revient pour Décideurs sur les objectifs de l’organisation et les grandes orientations de son mandat.
Entretien avec Iohann Le Frapper, président de l’ACC Europe
Décideurs. Pouvez-vous présenter l’ACC et son émanation européenne l'ACCE ?
Iohann Le Frapper. L’ACC est une association mondiale fondée par et pour les juristes d’entreprise aux États-Unis en 1982. Elle défend et promeut les intérêts de la profession et favorise le réseautage et le partage de solutions professionnelles. Elle se divise géographiquement en « chapitres » : quarante-huit chapitres aux États-Unis (à peu près un par État), trois chapitres au Canada, un en Europe ainsi qu’en Chine, en Argentine, en Israël, et bientôt à Singapour. L’association se subdivise également en dix-huit comités thématiques, qui sont autant de think tanks au sein desquels les membres sont rattachés selon le cœur de métier (ex : énergie, immobilier, santé, etc.), l’expertise ou les responsabilités managériales. Au total, l’ACC compte aujourd’hui plus de 29 000 membres, représentant environ 10 000 entreprises de toutes tailles. ACC Europe (ACCE), une association créée en France en 1994 (statut loi de 1901), réunit à elle seule près de 1 600 juristes. Elle est pleinement autonome quant à sa stratégie, sa direction et ses finances.
Décideurs. En tant que président du conseil d’administration de l'ACCE, quelles sont vos missions ?
I. Le F. Je souhaite mettre mon expérience au service du développement international d’ACC. Tous les juristes ont des problématiques communes mais également des spécificités propres à l’Europe ou au pays où ils sont basés. Ce travail doit nous permettre de nous adapter au mieux aux attentes spécifiques de tous ses membres, quelle que soit la zone géographique dans laquelle ils évoluent. Je souhaite en priorité étoffer la base de données dédiée aux juristes implantés en Europe. ACCE se caractérise par sa diversité et son ouverture culturelle : d’une part, un conseil d’administration composé d’une dizaine de nationalités et, d’autre part, des ambassadeurs dans la plupart des pays en Europe. Pour la France, nos représentants sont Catherine Fox et Danièle Dardy.
Décideurs. Plus globalement, quels sont les principaux enjeux de l’ACC ?
I. Le F. L’ACC a pour but de faire réaliser à ses membres un gain de temps, d’argent et d’énergie en mutualisant leurs ressources. Pour des frais d’adhésion de 295 dollars par an (soit environ 230 euros), nous proposons sur notre site Internet une importante base de données, des offres d’emploi et des dossiers téléchargeables, regroupant par thèmes des articles de doctrine, des actes types, des check-lists et des études de cas mis à disposition par des cabinets d’avocats de référence. Nous éditons aussi notre propre revue mensuelle, entièrement rédigée par des juristes d’entreprise. Nous négocions également des partenariats avantageux avec des fournisseurs de biens et de services. Enfin, nous offrons des programmes de formation continue et des opportunités d’échanges et de rencontres lors de conférences et de séminaires à la fois au niveau européen et par pays.
Décideurs. À l’heure de la crise financière qui affecte les entreprises, quels sont les impacts directs sur la profession de juriste ?
I. Le F. Le contexte actuel contraint les juristes à faire autant, voire plus, avec moins de moyens. Or, c’est justement l’une des raisons d’être de notre organisation : fournir une alternative crédible au recours aux cabinets d’avocats et des outils permettant à nos membres de travailler avec une efficacité accrue. Nous incitons les juristes à rompre leur isolement et à lever les barrières nationales qui cloisonnent encore trop souvent la profession.
Décideurs. La France débat depuis de nombreuses années sur la question de l’adoption d’un statut d’avocat en entreprise. L’ACCE va plus loin en proposant l’adoption d’un statut européen du juriste d’entreprise. Quels en seraient les avantages ?
I. Le F. Au sein de l'ACCE, nous estimons que les juristes sont les mieux placés pour conseiller en amont les entreprises. À ce titre, ils devraient jouir du même privilège de confidentialité que les avocats. Nous pensons qu’une harmonisation du statut de juriste à l’échelle européenne contribuerait à réduire le déséquilibre entre les PME nationales et les grands groupes transnationaux. C’est pourquoi nous réfléchissons à une stratégie de lobbying auprès des institutions communautaires à coordonner avec les initiatives au niveau national.
Le meeting annuel du chapitre européen de l’ACC, qui se tiendra du 13 au 15 mai 2012 à Amsterdam, est un des événements majeurs pour les juristes d’entreprise européens. Durant ces deux jours, les professionnels échangeront lors de conférences et d’ateliers thématiques animés par des intervenants de renom. C’est aussi un forum exceptionnel où se rencontrent recruteurs et demandeurs d’emploi à l’international. Cette réunion sera l’occasion de faire évoluer leurs pratiques de fixation des honoraires d’avocat vers plus de justesse et de transparence. Enfin, une attention particulière sera accordée à l’actualité de la profession, dans un contexte général de crise et de réduction des ressources allouées aux services juridiques.
Pour plus de détails : www.acc.com/amsterdam