Entretien avec Jean-Louis de Bernardy-Sigoyer,président de l’Association française des investisseu en capital (Afic)Décideu : Quels sont les grands travaux de l’Afic ?

Entretien avec Jean-Louis de Bernardy-Sigoyer,
président de l’Association française des investisseurs en capital (Afic)


Décideurs : Quels sont les grands travaux de l’Afic ?

Jean-Louis de Bernardy-Sigoyer : Nous devons aujourd’hui assurer une plus grande transparence de notre profession vis-à-vis de l’extérieur. Ceci passe par une meilleure communication sur notre organisation et nos pratiques, en expliquant notre rôle et notre poids dans l’économie. L’Afic représente 99 % des intervenants du capital investissement en France.
Pour remédier aux critiques, il était notamment nécessaire que les investisseurs s’engagent à respecter, au-delà de leurs obligations strictement professionnelles, un code de conduite dans la société. Pour cela, nous avons mis en place l’an dernier la Charte du capital investissement. Elle bénéficie d’un important soutien de la part de nos membres et nous dresserons prochainement un premier bilan de son action.

Décideurs : Actuellement, quelles sont vos principales préoccupations ?

J.-L. de B.-S. : Nous sommes très mobilisés sur la directive européenne visant les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs. Ce texte est très préoccupant. Conçu d’abord pour traiter des fonds d’arbitrage, il s’applique sans distinction à toutes les classes d’actifs alternatifs, dont le capital investissement. Il en résulte des dispositions totalement inadaptées et susceptibles de porter atteinte à la contribution essentielle de cette activité au financement. Par ailleurs, l’adoption de la directive Solvabilité II par le Parlement européen, fin avril, remet en cause le rôle des assureurs dans le financement de l’économie. Solvabilité II leur imposera d’immobiliser 40 euros de fonds propres pour 100 euros d’actions cotées détenues et 45 euros pour 100 euros d’actifs non cotés. Une obligation difficile à supporter, alors qu’en l’absence de fonds de pension hexagonaux les assureurs sont parmi les principaux souscripteurs des fonds de capital investissement français.

Décideurs : Les fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) ont-ils permis de soutenir l’investissement dans les PME ?

J.-L. de B.-S. : Une étude en partenariat avec Oseo montre que 4,4 milliards d’euros ont été collectés entre 1997 et 2007 par 216 FCPI. Sur ce total, la moitié a été investie dans 800 entreprises innovantes !

Cette étude confirme l’impact positif joué par les FCPI et plus généralement, par le capital-risque et le capital développement.
Les fonds constituent un véritable accélérateur de croissance et soutiennent activement le dynamisme des entreprises innovantes. La proposition de loi du sénateur Jean Arthuis, déposée en juin 2009, vise initialement les fonds ISF, mais affecte l’ensemble des fonds de défiscalisation. Elle risque de tarir cette source de financement.

Décideurs : Quel est l’impact de la crise sur les LBO ?

J.-L. de B.-S. : La crise frappe toutes les entreprises, mais il est évident que celles soumises à un LBO sont plus sensibles, parce que leur équilibre financier est fragilisé. Même si, paradoxalement, ces entreprises, plus flexibles, plus réactives, doivent résister mieux que la moyenne à la crise. Le sondage réalisé par Opinion Way auprès des fonds LBO membres de l’Afic, montre cependant que la situation est maîtrisée par les acteurs du marché. Fin 2008, 80 % des entreprises du sondage respectaient l’ensemble de leurs engagements bancaires. Sur les 20 % qui ne respectaient pas les covenants des contrats de prêt et / ou ne pouvaient faire face aux échéances contractuelles, les 4 / 5 ont pu trouver une solution négociée avec les banques. Au final, ce sont donc seulement 4 % des entreprises sous LBO qui faisaient face à des difficultés non résolues. Néanmoins nous pensons que le cap le plus difficile est encore devant nous.

Décideurs : La crise remet-elle en cause le rôle du capital investissement ?

J.-L. de B.-S. : Non, bien au contraire. Elle en montre l’importance. Si les méga-LBO ont disparu en 2008 et 2009,  et que cette branche de notre industrie va se restructurer, notre profession continuera de jouer un rôle indispensable pour la transmission d’entreprises de taille petite et moyenne. La crise économique ne change rien, d’autre part, aux fondamentaux du capital-risque et du capital développement. Notre métier renoue avec son essence même : l’accompagnement dans la durée de la croissance des entreprises.

 

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