À la suite de l’audition de Louis Gallois, commissaire général à l’investissement à l’occasion de la remise de son rapport sur la compétitivité de l’industrie française.
Entretien avec Philippe Marini, sénateur UMP de l'Oise et président de la commission des finances du
Décideurs. À quoi servent les rapports ?
Philippe Marini. Les rapports servent à plusieurs choses. Premièrement, à écrire ce que l’on sait déjà mais que l’on n’ose pas dire. Ce fut le cas des rapports Pébereau, Camdessus, Balladur et du rapport Gallois. Ensuite, à proposer ce que l’on n’osera jamais faire. Ce sont les rapports alibis ou « bonne conscience », comme pour les rapports Attali ou Stiglitz. Enfin, à faire justifier par d’autres des décisions déjà prises, tel le rapport Jospin. Et je ne parle pas des rapports demandés au gouvernement par le Parlement qui sont souvent le signal de notre absence de moyens d’expertise ou, parfois, de notre impuissance !
Décideurs. Y a-t-il trop de rapports ?
P. M. Non, au contraire, plus il y a de rapports, plus on peut trouver de bonnes feuilles et de citations convaincantes pour justifier les décisions ou les renoncements de chacun.
Sur le site internet de la Documentation française, la rubrique « Rapports publics » renvoie à 8 655 résultats depuis 1997. Mais soyons honnêtes, il n’y a pas que des rapports aux gouvernants stricto sensu.
Décideurs. Les conclusions de ces rapports sont-elles le plus souvent utilisées pour appréhender le problème ou pour le régler ?
P. M. C’est plutôt le cas des rapports qui ne concluent pas. Ce sont les fameux rapports « visionnaires » comme le rapport Nora-Minc sur l'informatisation de la société, de décembre 1977. Mais là, il s’agit de best-sellers.
Décideurs. Le rapport constitue-t-il un moyen idoine pour le politique de ne pas assumer les mesures énoncées ?
P. M. C’est effectivement un excellent moyen de reporter la responsabilité des décisions sur les auteurs, que l’on présente comme les « sachants ».
Décideurs. Partagez-vous l’avis de Jean-Pierre Raffarin qui estime que « pour être fertile, un rapport doit être postérieur au débat. Sinon, il risque de jouer le rôle de la muleta » ?
P. M. Au-delà du bon mot, certains rapports peuvent survivre à la faena [la faena de muleta est le troisième acte d'une corrida, dans la préparation de l'estocade, NDLR]. Le rapport Fouquet sur la taxe professionnelle a finalement abouti cinq ans après sa sortie par la réforme de 2009.
Philippe Marini. Les rapports servent à plusieurs choses. Premièrement, à écrire ce que l’on sait déjà mais que l’on n’ose pas dire. Ce fut le cas des rapports Pébereau, Camdessus, Balladur et du rapport Gallois. Ensuite, à proposer ce que l’on n’osera jamais faire. Ce sont les rapports alibis ou « bonne conscience », comme pour les rapports Attali ou Stiglitz. Enfin, à faire justifier par d’autres des décisions déjà prises, tel le rapport Jospin. Et je ne parle pas des rapports demandés au gouvernement par le Parlement qui sont souvent le signal de notre absence de moyens d’expertise ou, parfois, de notre impuissance !
Décideurs. Y a-t-il trop de rapports ?
P. M. Non, au contraire, plus il y a de rapports, plus on peut trouver de bonnes feuilles et de citations convaincantes pour justifier les décisions ou les renoncements de chacun.
Sur le site internet de la Documentation française, la rubrique « Rapports publics » renvoie à 8 655 résultats depuis 1997. Mais soyons honnêtes, il n’y a pas que des rapports aux gouvernants stricto sensu.
Décideurs. Les conclusions de ces rapports sont-elles le plus souvent utilisées pour appréhender le problème ou pour le régler ?
P. M. C’est plutôt le cas des rapports qui ne concluent pas. Ce sont les fameux rapports « visionnaires » comme le rapport Nora-Minc sur l'informatisation de la société, de décembre 1977. Mais là, il s’agit de best-sellers.
Décideurs. Le rapport constitue-t-il un moyen idoine pour le politique de ne pas assumer les mesures énoncées ?
P. M. C’est effectivement un excellent moyen de reporter la responsabilité des décisions sur les auteurs, que l’on présente comme les « sachants ».
Décideurs. Partagez-vous l’avis de Jean-Pierre Raffarin qui estime que « pour être fertile, un rapport doit être postérieur au débat. Sinon, il risque de jouer le rôle de la muleta » ?
P. M. Au-delà du bon mot, certains rapports peuvent survivre à la faena [la faena de muleta est le troisième acte d'une corrida, dans la préparation de l'estocade, NDLR]. Le rapport Fouquet sur la taxe professionnelle a finalement abouti cinq ans après sa sortie par la réforme de 2009.