L'ancien magistrat est formel: «Christiane Taubira a une obsession, celle d’accoler son nom à une loi »
DOSSIER SPÉCIAL CHRISTIANE TAUBIRA ET LA RÉFORME PÉNALE : l’avis de Philippe Bilger
Décideurs. La réforme pénale va-t-elle dans le bon sens ?
Philippe Bilger. Cette réforme ne fait qu’élargir l’éventail des sanctions pénales actuel. Si elle était menée dans ce but, alors ce serait une bonne chose, même une réussite. Pourtant, la gauche prouve une nouvelle fois qu’elle n’a rien compris. Elle est naïve. La garde des Sceaux déteste les peines planchers et préfère privilégier l’éducation à la sanction, mais c’est irréaliste. Christiane Taubira fait preuve d’une mansuétude dévastatrice à l’égard des délinquants et dogmatrice vis-à-vis de la population. Avec cette adoption, le gouvernement va déséquilibrer la confiance et l’estime du citoyen dans la justice française.
Décideurs. La loi pénale sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines est la deuxième grande réforme mise en place par Christiane Taubira…
P. B. Tout à fait et on peut y voir une formidable expression de son narcissisme. Christiane Taubira a une obsession : celle d’accoler son nom à une loi. Elle avait commencé avec la loi tendant à la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l'humanité, dont l’actuelle ministre de la justice, alors députée, était rapporteur.
Décideurs. La contrainte pénale peut-elle lutter contre la surpopulation carcérale ?
P. B. C’est de la poudre aux yeux et à l’esprit. Christiane Taubira revendique avoir mis en place une conférence de consensus afin de mettre en œuvre cette loi. Pourtant, elle oublie de signifier l’absence de l’institution de la justice. Cette nouvelle peine n’aura aucun effet sur la surpopulation carcérale, sauf celui d’inscrire dans l’esprit du public une tendance au laxisme. La politique pénale sociale prétend préférer ses fantasmes à la réalité du pays. Les délinquants ne sont pas idiots et cette loi va favoriser l’augmentation de l’indulgence des pouvoirs publics.
Décideurs. Partagez-vous l’idée selon laquelle « la prison est l’école de la récidive », comme l’affirme Christiane Taubira ?
P. B. C’est faux. C’est une tarte à la crème. En réalité, ce n’est pas la prison qui crée le récidiviste, mais le récidiviste qui appelle la prison. Le délit crée le délinquant. L’emprisonnement peut altérer un destin personnel, mais cela concerne des situations exceptionnelles. La plupart d’entre eux ont commencé le brouillon à l’extérieur. Cependant, la peine d’enfermement est nécessaire pour sauvegarder la société devant les comportements dévastateurs.
Décideurs. Les peines planchers ont pourtant été supprimées…
P. B. Même si cela limitait la liberté d’appréciation des juges et que le Conseil constitutionnel les ont entravées, les peines planchers étaient une excellente mesure du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elles avaient l’avantage de punir les réitérations et les récidives.
Philippe Bilger. Cette réforme ne fait qu’élargir l’éventail des sanctions pénales actuel. Si elle était menée dans ce but, alors ce serait une bonne chose, même une réussite. Pourtant, la gauche prouve une nouvelle fois qu’elle n’a rien compris. Elle est naïve. La garde des Sceaux déteste les peines planchers et préfère privilégier l’éducation à la sanction, mais c’est irréaliste. Christiane Taubira fait preuve d’une mansuétude dévastatrice à l’égard des délinquants et dogmatrice vis-à-vis de la population. Avec cette adoption, le gouvernement va déséquilibrer la confiance et l’estime du citoyen dans la justice française.
Décideurs. La loi pénale sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines est la deuxième grande réforme mise en place par Christiane Taubira…
P. B. Tout à fait et on peut y voir une formidable expression de son narcissisme. Christiane Taubira a une obsession : celle d’accoler son nom à une loi. Elle avait commencé avec la loi tendant à la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l'humanité, dont l’actuelle ministre de la justice, alors députée, était rapporteur.
Décideurs. La contrainte pénale peut-elle lutter contre la surpopulation carcérale ?
P. B. C’est de la poudre aux yeux et à l’esprit. Christiane Taubira revendique avoir mis en place une conférence de consensus afin de mettre en œuvre cette loi. Pourtant, elle oublie de signifier l’absence de l’institution de la justice. Cette nouvelle peine n’aura aucun effet sur la surpopulation carcérale, sauf celui d’inscrire dans l’esprit du public une tendance au laxisme. La politique pénale sociale prétend préférer ses fantasmes à la réalité du pays. Les délinquants ne sont pas idiots et cette loi va favoriser l’augmentation de l’indulgence des pouvoirs publics.
Décideurs. Partagez-vous l’idée selon laquelle « la prison est l’école de la récidive », comme l’affirme Christiane Taubira ?
P. B. C’est faux. C’est une tarte à la crème. En réalité, ce n’est pas la prison qui crée le récidiviste, mais le récidiviste qui appelle la prison. Le délit crée le délinquant. L’emprisonnement peut altérer un destin personnel, mais cela concerne des situations exceptionnelles. La plupart d’entre eux ont commencé le brouillon à l’extérieur. Cependant, la peine d’enfermement est nécessaire pour sauvegarder la société devant les comportements dévastateurs.
Décideurs. Les peines planchers ont pourtant été supprimées…
P. B. Même si cela limitait la liberté d’appréciation des juges et que le Conseil constitutionnel les ont entravées, les peines planchers étaient une excellente mesure du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elles avaient l’avantage de punir les réitérations et les récidives.