Le sixième baromètre du Cevipof vient de sortir. Les Français n'ont pas le moral et restent peu confiants en la politique.
Le Centre de recherches politiques de Sciences-Po a préféré reconduire son baromètre relatif à la confiance politique à l’issue des actes terroristes de janvier 2015. En effet, la sixième vague d’études date de décembre dernier, soit un mois avant les attentats. Une vague 6 bis, publiée il y a quelques jours, vient donc capter les effets de ces événements. Et toute la question de la pérennité de l’effet unitaire et rassembleur du 11 janvier demeure posée.

Quelques semaines après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, la confiance – « valeur cardinale de la démocratie », comme on le souligne au Cevipof – conserve sa place au centre des préoccupations des Français.

Premier enseignement : la méfiance (32 %, + 2 points), la morosité (32 %, + 6 points) et la lassitude (29 %) constituent les trois valeurs les mieux partagées par les Français. Quant à l’avenir, seuls 32 % des personnes interrogées se déclarent optimistes (- 4 points).
Autre leçon, celle du retour du politique et des institutions. Pour 31 % des sondés, on observe un changement d'opinion en positif. « Les Français sont demandeurs d’exécutif et accordent toute confiance au politique, notamment dans la gestion d’événements tels que les attentats de janvier », remarque Martial Foucault, directeur du laboratoire d'idées de l'institut d'études politiques de Paris. Parmi ces institutions, on trouve en tête le conseil municipal (68 %), le conseil général (58 %) et le conseil régional (57 %), suivis de l'Union européenne (44 %), de l’Assemblée nationale (41 %), de l’institution présidentielle (40 %) et du gouvernement (33 %). Ces deux dernières gagnent respectivement onze et dix points de confiance.

À l’opposé de ce retour plébiscité du politique, on note « une profonde solitude morale qui s’est développée ». Pour 85 % (- 4 points), les représentants politiques ne se préoccupent pas de ce que pense le peuple. Un chiffre record à inscrire plus globalement dans l’incapacité des Français à se projeter dans l’avenir, à vivre ensemble et à juger le fonctionnement de la démocratie et des élus. Résultat : de plus en plus de personnes « hors champ » et abstentionnistes, n’éprouvant ni confiance collective (représentation nationale), ni confiance individuelle (voisinage), se replient sur elles-mêmes. Et plébiscitent les thèmes suivants : fermeture des frontières pour se protéger du monde extérieur (50 %, + 10 points), fierté nationale (82 %, + 10 points), perception négative de l’immigration (40 %), menace de l’Islam sur la République (56 %)… Faut-il y voir le signe évocateur d'un repli ethnocentré et du retour des valeurs autoritaires ? Réponse les 22 et 29 mars prochains lors des élections départementales.


JB


Visuel : © Yann Caradec

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