Ancien secrétaire général de l'UMP et ministre de la Santé et du Travail, le député UMP de l'Aisne et maire de Saint-Quentin convoque les ingrédients du leadership dans le débat politique.
Décideurs. La politique est-elle le terrain de substitution du leadership collectif au leadership individuel ?

Xavier Bertrand.
La relation entre le politique et le citoyen change. Nous ne sommes plus dans une époque de communication uniquement verticale, mais d'interpellation permanente et d’élaboration continue du projet, où la relation horizontale prend le dessus.

Pour autant, il y a toujours l’élection, cette cristallisation de la volonté collective autour d’un leadership individuel : c'est pourquoi je crois au septennat non renouvelable, comme je crois au référendum en début de mandat, comme en cours de mandat, notamment pour lever tout risque de blocage.


Décideurs. Que faut-il pour susciter le leadership collectif ?

X. B.
La formule « Le politicien vulgaire suit le peuple; l'homme d'État le précède » (Romain Guilleaumes) est toujours d'actualité. Pour susciter le leadership collectif, il faut une vision pour entraîner et de la volonté pour appliquer. Mais pour construire cette vision, la faire partager et la traduire en actes, il faut de l'écoute, du respect, de la proximité et de la pédagogie. Il faut également connaître les réalités du terrain et s'inspirer des bonnes pratiques.


Décideurs. Quel rôle incombe à un ministre, un chef de parti ou un militant dans un environnement de leadership collectif ?

X. B.
Son rôle est d'entendre pour mieux comprendre et d'expliquer pour convaincre. Son rôle n'est pas, faute de leadership, de chercher désespérément à s'accaparer tous les mouvements émergents, ou bien d’osciller entre passage en force et reculade !

Mon expérience de la réforme n'est pas celle-ci. Que ce soit pour le service minimum dans les transports ou l'interdiction de fumer dans les lieux publics, j'ai à la fois tenu un cap et su rendre la réforme possible par l'écoute et la pédagogie.


Décideurs. Estimez-vous que les citoyens français attendent davantage un leadership individuel ou collectif des responsables politiques du pays ?

X. B.
Nos concitoyens attendent trois choses des politiques : une vision, des résultats et de l'exemplarité. Ils rejettent les élites déconnectées du terrain, ainsi que les privilèges d'un autre temps.


Décideur. Le leadership collectif est-il désormais une des conditions sine qua non pour garantir la pérennité de l’action politique ?

X. B.
L'association que j'ai créée s'appelle « La Manufacture ». Pour signifier que sans un travail de terrain partagé, il ne peut y avoir de solutions nouvelles et innovantes et d’action durable et efficace.

Je crois profondément au bon sens, issu du terrain, et à la nécessité de rendre chacun acteur, et non plus spectateur.
J’agis de la même façon à la tête de la mairie de Saint-Quentin, où des nouvelles initiatives, comme les conseils municipaux interactifs avec la population et de nouvelles formes de démocratie de proximité – conseils des jeunes, de quartier, de la vie associative, des aînés, budgets de quartier participatifs… –, permettent de redonner la parole et le pouvoir à mes concitoyens.


Propos recueillis par Julien Beauhaire

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