« Les mêmes lourdeurs handicapent la compétitivité des entreprises et nuisent à l’efficacité des services publics »
Pierre-Antoine Gailly, président de la chambre de commerce et d’industrie de région Paris Île-de-Fra
Décideurs. Quelle est votre réaction à la suite du rapport Gallois ?
Pierre-Antoine Gailly. Le rapport rendu par Louis Gallois a le mérite d’exister. Il manque pourtant une certaine forme de courage politique. Le Premier ministre annonce ainsi un crédit d’impôt à hauteur de vingt milliards d’euros, ce qui apporte un soutien direct aux trésoreries des PME par le prix. Mais répondre à un problème de compétitivité par une mesure de soutien financier, d’ordre patrimonial, est insuffisant. D’autant plus que ce soutien n’interviendra qu’en 2014, alors que des mesures concrètes pour les entreprises doivent être prises dès à présent. Il manque ainsi dans ce rapport un volet fondamental sur le problème de la flexibilité des entreprises françaises, laquelle est l’une des composantes majeures de leur manque de compétitivité par rapport à la concurrence internationale. Nous relevons cependant le maintien des cinq principes intangibles, ce qui est une bonne chose : le crédit d’impôt recherche, les dispositifs favorisant la détention et la transmission d’entreprise, les jeunes entreprises innovantes, les incitations aux investissements dans les PME et la contribution économique territoriale.
Décideurs. Quelles autres pistes auriez-vous favorisées ?
P.-A. G. Nous avions fait une proposition simple : intervenir sur des moyens indirects, donc par d’autres biais que par l’impôt. Nous plaidons en faveur d’une révision à la baisse des charges sociales afin de donner aux entrepreneurs les moyens d’être plus compétitifs. Nous proposons que cette mesure soit compensée par exemple par une hausse de la TVA. Comme je l’ai évoqué précédemment, l’une des causes du problème est le manque de flexibilité du travail en France. Nous devons nous adapter aux exigences sociales. Nous pourrions pour cela nous inspirer du modèle allemand qui propose un unique contrat de travail.
Étant donné que le gouvernement doit répondre à un contexte d’urgence et que le rapport Gallois ne produira aucun effet avant 2014, l’espoir de voir cette piste étudiée n’est pas anéanti.
Décideurs. Estimez-vous que le gouvernement commande un nombre trop important de rapports ?
P.-A. G. Je demeure circonspect quant à la portée réelle des rapports qui se sont succédé : Attali puis Darrois, Prada, Gallois aujourd’hui, qui répondra à l’urgence de 2012 en 2014 seulement… J’ai pu néanmoins constater récemment, au cours de mes voyages à l’étranger, qu’émerge le sentiment que la France commence à adopter des mesures efficaces, ou du moins à les envisager. Dans l’absolu, les premières mesures vont dans le bon sens. L’annonce du crédit d’impôt est propice à la réduction de la fracture entre les pouvoirs publics et les entreprises. Mais ce soutien ne réduit aucunement le coût du travail en France et ne change donc rien au manque de compétitivité dont souffrent les entreprises françaises.
Les acteurs que représente la chambre de commerce et d’industrie attendaient du gouvernement des mesures concrètes sur les cotisations sociales, et Jean-Marc Ayrault n’a pas traité ce pan du problème. Ce sont les mêmes lourdeurs qui handicapent la compétitivité en France que celles qui nuisent à l’efficacité des services publics. Pour vous donner un exemple concret, nous avions édité un petit guide intitulé «?Les 80 simplifications pour le patron de PME?» comprenant une proposition de Cerfa simplifié pour les dirigeants d’entreprise. L’Administration n’a pas estimé utile de le déployer. Pourtant, elle a su mettre en place la déclaration simplifiée, préremplie, pour les particuliers. Il est regrettable de se priver de transposer ce réel progrès aux entreprises.
Décideurs. Depuis le 1er?janvier 2013, la chambre de commerce et d’industrie de Paris a disparu. Quelles en sont les conséquences ?
P.-A. G. En effet, depuis le 1er?janvier, la chambre de commerce et d’industrie de Paris n’existe plus. Il s’agit en réalité d’une substitution puisque tout ce qui a pris fin au 31?décembre 2012 à minuit s’est instantanément recombiné. En effet, la chambre de commerce et d’industrie d’Île-de-France a pris naissance au 1er?janvier 2013. Elle englobe à présent les CCI de Paris, des Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Versailles-Yvelines, les CCI de l’Essonne et de Seine-et-Marne lui étant rattachées. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un réajustement des budgets, des missions et du personnel. De surcroît, l’identité visuelle est également devenue commune à toutes les chambres de commerce et d’industrie.
Pierre-Antoine Gailly. Le rapport rendu par Louis Gallois a le mérite d’exister. Il manque pourtant une certaine forme de courage politique. Le Premier ministre annonce ainsi un crédit d’impôt à hauteur de vingt milliards d’euros, ce qui apporte un soutien direct aux trésoreries des PME par le prix. Mais répondre à un problème de compétitivité par une mesure de soutien financier, d’ordre patrimonial, est insuffisant. D’autant plus que ce soutien n’interviendra qu’en 2014, alors que des mesures concrètes pour les entreprises doivent être prises dès à présent. Il manque ainsi dans ce rapport un volet fondamental sur le problème de la flexibilité des entreprises françaises, laquelle est l’une des composantes majeures de leur manque de compétitivité par rapport à la concurrence internationale. Nous relevons cependant le maintien des cinq principes intangibles, ce qui est une bonne chose : le crédit d’impôt recherche, les dispositifs favorisant la détention et la transmission d’entreprise, les jeunes entreprises innovantes, les incitations aux investissements dans les PME et la contribution économique territoriale.
Décideurs. Quelles autres pistes auriez-vous favorisées ?
P.-A. G. Nous avions fait une proposition simple : intervenir sur des moyens indirects, donc par d’autres biais que par l’impôt. Nous plaidons en faveur d’une révision à la baisse des charges sociales afin de donner aux entrepreneurs les moyens d’être plus compétitifs. Nous proposons que cette mesure soit compensée par exemple par une hausse de la TVA. Comme je l’ai évoqué précédemment, l’une des causes du problème est le manque de flexibilité du travail en France. Nous devons nous adapter aux exigences sociales. Nous pourrions pour cela nous inspirer du modèle allemand qui propose un unique contrat de travail.
Étant donné que le gouvernement doit répondre à un contexte d’urgence et que le rapport Gallois ne produira aucun effet avant 2014, l’espoir de voir cette piste étudiée n’est pas anéanti.
Décideurs. Estimez-vous que le gouvernement commande un nombre trop important de rapports ?
P.-A. G. Je demeure circonspect quant à la portée réelle des rapports qui se sont succédé : Attali puis Darrois, Prada, Gallois aujourd’hui, qui répondra à l’urgence de 2012 en 2014 seulement… J’ai pu néanmoins constater récemment, au cours de mes voyages à l’étranger, qu’émerge le sentiment que la France commence à adopter des mesures efficaces, ou du moins à les envisager. Dans l’absolu, les premières mesures vont dans le bon sens. L’annonce du crédit d’impôt est propice à la réduction de la fracture entre les pouvoirs publics et les entreprises. Mais ce soutien ne réduit aucunement le coût du travail en France et ne change donc rien au manque de compétitivité dont souffrent les entreprises françaises.
Les acteurs que représente la chambre de commerce et d’industrie attendaient du gouvernement des mesures concrètes sur les cotisations sociales, et Jean-Marc Ayrault n’a pas traité ce pan du problème. Ce sont les mêmes lourdeurs qui handicapent la compétitivité en France que celles qui nuisent à l’efficacité des services publics. Pour vous donner un exemple concret, nous avions édité un petit guide intitulé «?Les 80 simplifications pour le patron de PME?» comprenant une proposition de Cerfa simplifié pour les dirigeants d’entreprise. L’Administration n’a pas estimé utile de le déployer. Pourtant, elle a su mettre en place la déclaration simplifiée, préremplie, pour les particuliers. Il est regrettable de se priver de transposer ce réel progrès aux entreprises.
Décideurs. Depuis le 1er?janvier 2013, la chambre de commerce et d’industrie de Paris a disparu. Quelles en sont les conséquences ?
P.-A. G. En effet, depuis le 1er?janvier, la chambre de commerce et d’industrie de Paris n’existe plus. Il s’agit en réalité d’une substitution puisque tout ce qui a pris fin au 31?décembre 2012 à minuit s’est instantanément recombiné. En effet, la chambre de commerce et d’industrie d’Île-de-France a pris naissance au 1er?janvier 2013. Elle englobe à présent les CCI de Paris, des Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Versailles-Yvelines, les CCI de l’Essonne et de Seine-et-Marne lui étant rattachées. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un réajustement des budgets, des missions et du personnel. De surcroît, l’identité visuelle est également devenue commune à toutes les chambres de commerce et d’industrie.