Le troisième plan d’aide à la Grèce a été approuvé par l’Eurogroupe vendredi dernier. Depuis, le pays a dû procéder aux premiers remboursements qui profitent aux créanciers, et pourraient finir par mettre Athènes à genoux.

Lundi 18 juin, le gouvernement d’Alexis Tsipras a donné son feu vert pour la cession de quatorze aéroports régionaux grecs au groupe allemand Fraport-Slentel en partenariat avec l’énergéticien grec Copelouzos. L’opération initiée par la précédente administration avait pourtant été stoppée par l’arrivée au pouvoir de Syriza. Mais le gouvernement grec a finalement dû céder. L’accord signé avec les créanciers d’Athènes prévoit en effet 6,4 milliards d’euros de privatisations sur la période 2015-2017. L’agence grecque des privatisations, Taiped, a donc republié l’appel d’offres, déjà remporté par le consortium allemand pour 1,23 milliard d’euros assorti d’un loyer annuel de 22,9 millions d’euros à payer à l’État grec. Fraport-Slentel et Copelouzos investiront également 330 millions d’euros sur quatre ans. Les aéroports mis en vente figurent parmi les plus touristiques de la zone ; ce sont ceux de Thessalonique, Corfou, Rhodes notamment. Avec cet accord, la Grèce aura quasiment atteint l’objectif de cessions à des partenaires privés de 1,4 millions d’euros pour cette année.


Première tranche du plan d’aide


La République hellénique a également pu s’acquitter d’un premier paiement à ses bailleurs de fonds grâce au déblocage de vingt-trois milliards d’euros par l’Eurogroupe, sur les 86 milliards dont se compose le plan d’aide. Dix milliards devront être placés par la Grèce sur un compte bloqué alors que les treize autres ont été largement utilisés ce jeudi pour des remboursements. Athènes a ainsi remboursé 3,4 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE) et 7,16 milliards d’euros à un groupe de créanciers constitué de l’Union européenne, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI) et le Mécanisme européen de stabilité.


À qui cela profite ?


L’Allemagne est la première à se réjouir de l’ensemble de ces mesures. Non seulement les privatisations assurent à certaines de ses entreprises de beaux contrats mais la crise lui a également permis de profiter de taux d’intérêts plus faibles sur les marchés financiers. Selon une étude récente de l’institut allemand Leibniz, Berlin aurait fait plus de cent milliards d’euros d’économies grâce à la crise grecque sur la période 2010-2015. À chaque difficulté rencontrée par Athènes, les obligations berlinoises apparaissent comme une valeur refuge faisant ainsi baisser les taux associés aux obligations d’État allemandes. Le FMI continue à pousser pour un effacement partiel de la dette grecque qui à son sens atteindra 200 % du produit intérieur brut d’ici deux ans. 


Sophia Sanni Soulé 

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