La récompense qui vise à saluer le travail de réconciliation nationale dans un cadre démocratique menée par l'organisation est quelque peu controversée.

Le « quartet du dialogue national tunisien » est salué pour son sauvetage de la transition démocratique du pays. Fondé à l’été 2013, il réunit le syndicat UGTT, l’organisation patronale Utica, l’ordre des avocats et la ligue tunisienne des droits de l’homme. Son but : renouer le dialogue entre islamistes et opposants pour sortir le pays de la paralysie institutionnelle. Objectif atteint avec notamment les élections législatives régulières qui ont été organisées en 2014. « C’est tous les printemps arabes qui sont ainsi rappelés, déclare François Hollande, avant d’ajouter que l’Europe et le monde ne doivent pas simplement remettre un prix à la Tunisie, mais apporter du prix aux aides qui vont lui être accordées. »

 

Récompenser la Tunisie au titre de la paix ? L’idée surprend certains, reprochant une décision « consensuelle » du comité norvégien, davantage préoccupé par sa propre politique que par la paix dans le monde. D’autres parlent d’un mauvais timing : l’annonce du prix Nobel intervient au lendemain de la tentative d’assassinat de Ridha Charfeddine, député du parti majoritaire Nidaa Tounès alors qu’il partait travailler. Quelques jours auparavant, l’affaire du jeune Marwen, condamné par la justice tunisienne à un an de prison ferme en raison de son homosexualité avait également créé la polémique. Quant aux militants politiques, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter en finir avec le mode de gouvernance s'appuyant sur la discussion entre les extrêmes initiée par le quartet. Sur le plan des libertés aussi, la situation n’est pas idéale. Proposée par le Président Béji Caïd Essebsi, la loi « réconciliation économique » prévoyant l'amnistie pour les proches du régime de Ben Ali qui se sont enrichis sous la dictature ne fait pas l'unanimité. Cette récompense intervient néanmoins dans un contexte où le pays semble retrouver des repères démocratiques. Et comme le rappelait le président tunisien vendredi dernier, « malgré les désaccords idéologiques, la Tunisie n’a pas d’autre solution que le dialogue ».

 

 

C. C. 

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