Des précisions sur la primaire à droite
Ce sera l’événement majeur, et inédit, pour l’opposition en 2016 : « La droite est d’une culture de l’homme providentiel », explique Thierry Solère pour faire comprendre l’importance de l’organisation d’une primaire pour la droite républicaine. Nommé par Nicolas Sarkozy pour en piloter la logistique, l’élu de Boulogne-Billancourt vise une organisation irréprochable, « le seul moyen pour que l’élection soit incontestée ».
10 237 bureaux de vote
Les 20 et 27 novembre, les Français inscrits sur les listes électorales qui se déclarent de droite ou du centre pourront choisir leur candidat à la présidentielle dans les 10 237 bureaux de vote mis en place par le parti sur tout le territoire. C’est plus que le parti socialiste qui, en 2011, en avait ouvert entre 9 500 et 10 000. Une mobilisation sans précédent qui répond à la grande majorité de Français favorables à cette primaire. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien réalisé les 4 et 5 février, ils sont 71 % à plébisciter une primaire à droite. Une sollicitation qui contraint l’opposition à en assumer le coût, notamment pour financer la location des salles : elle devrait débourser 250 000 euros environ pour la seule ville de Paris.
Un financement participatif
« Les finances du parti ne sont pas au beau fixe », lance Thierry Solère. Deux euros seront donc demandés à chaque électeur pour subvenir au financement. En 2011, le PS avait déjà sollicité les électeurs à hauteur d'un euro. En cas de surplus, la somme récoltée sera reversée au candidat en vue de la présidentielle. Pour éviter tout abus, le parti a mis en place une haute autorité indépendante, entre autres chargée de récolter la participation des électeurs. Une somme que celle-ci reversera aux Républicains, pour rembourser les cinq millions d’euros qui lui ont d’ores et déjà été versés par le parti. Et pour écarter tout soupçon quant à l’indépendance de l’autorité, Thierry Solère n’a pas manqué de rappeler que celle-ci est présidée par le professeur de droit constitutionnel Anne Levade et composée d’anciens membres du Conseil constitutionnel comme de professionnels du droit extérieurs au parti.
Éviter les candidatures « farfelues »
Pour se présenter à la primaire, les candidats, dont la liste officielle sera publiée vers le 18 septembre, devront être parrainés par 250 élus locaux dont 20 parlementaires. « Un filtre qui devrait éviter les candidats farfelus », assure Thierry Solère. Si aucun candidat n’est donc pour le moment officiellement en lice, il faut se tourner vers les librairies pour voir émerger certains noms (Alain Juppé, Bruno Le Maire ou François Fillon) et certains programmes. Nicolas Sarkozy, qui ne remonte toujours pas dans les sondages, écrase pour l’instant la concurrence avec son ouvrage La France pour la vie* , vendu à 70 000 exemplaires en une semaine seulement. Quid du centre ? Si les sympathisants du Modem et de l’UDI sont conviés à participer au scrutin, aucune figure centriste n’a pour l’instant laissé entendre qu’elle se prêterait au jeu. Du côté de l’UDI, les adhérents choisiront à l’occasion du congrès du 20 mars prochain si le parti participera à la primaire LR. Quant au Modem, François Bayrou semble vouloir faire cavalier seul. Ce qui n’inquiète pas Thierry Solère : « Les sondages montrent que Monsieur Bayrou rassemblerait davantage de sympathisants de gauche que de droite. » Quoi qu’il en soit, l’organisation rigoureuse de la primaire devrait éviter les mésaventures qu’a connues la droite en 2012. L’inverse risquerait de peser lourd pour 2017.
Capucine Coquand
*La France pour la vie, Éd Plon, 350 pages, 18,90 euros.