Tandis que le gouvernement prévoit de renforcer les mesures obligeant les communes à respecter l’obligation de 25 % de logements sociaux, l’Île-de-France veut « mieux les répartir ».

Quarante-sept communes sont dorénavant inscrites au rang de mauvais élèves. Dans une liste publiée le 13 avril, l’exécutif marque au fer rouge les municipalités en retard quant à l’objectif de création de logements sociaux (25 %) imposé par la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000.

 

L’État reprend la main

 

« Il n’y a plus de passe-droit », confirmait sur RTL, Thierry Repentin, délégué interministériel à la mixité sociale dans l’habitat. Là où les communes ne respectent pas les quotas, l’État a déjà commencé à reprendre la main, encourageant les préfets à préempter les terrains à vendre pour y construire des logements sociaux. En l’espace de six mois, cent-vingt terrains ont ainsi été récupérés, permettant la programmation de 1 500 nouveaux logements sociaux. Bien décidée à prendre le taureau par les cornes, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse a elle aussi voulu marquer le coup en annonçant la publicité du taux de logements sociaux de chaque commune sur un site institutionnel. « Cette démarche s'inscrit dans la politique d'open data du gouvernement », précise-t-elle. Présentée en Conseil des ministres le 12 avril dernier, la loi pour l’égalité et la citoyenneté prévoit par ailleurs de donner la possibilité au préfet de délivrer directement les autorisations d’urbanisme dans les communes déclarées « carencées » en logements sociaux.

 

« Casser les ghettos »

 

En Île-de-France, ce n’est pas forcément le social qui prime. Réuni en séance plénière au début du mois d'avril, le conseil régional, présidé par Valérie Pécresse, a décidé de mettre fin au financement des logements très sociaux à bas niveau de quittance dans les communes ayant déjà 30 % d'habitations à loyer modéré (HLM). Si la mesure, qui figurait dans les promesses de campagne de la candidate LR, choque notamment à gauche, pour Geoffroy Didier, vice-président de la région chargé du logement et de la politique de la ville, il s'agit de « casser le ghettos ». « Nous voulons poursuivre le logement social, pas moins mais mieux, en le répartissant différemment sur le territoire », défend-il.  Des intentions louables, dont on ne demande qu’à constater l’efficacité. Car selon un rapport publié le 11 avril par le Secours catholique, la région parisienne serait la plus riche mais aussi la plus inégalitaire de l’Hexagone, où le nombre de ménages pauvres augmente deux fois plus vite qu’ailleurs.

 

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

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