Avec le rachat de l'américain Molten, le spécialiste français du conseil au management Sia Partners renforce sa présence en Amérique du Nord et surtout en Grande-Bretagne. Son CEO, Matthieu Courtecuisse, revient sur les tenants de cette opération et présente la nouvelle feuille de route du groupe.

Dealmakers. L'acquisition de Molten répond à quels enjeux principaux ?

Matthieu Courtecuisse. En tant que transformateur des entreprises (RH, réglementation, divers process internes...), il est important de suivre un client partout où il se trouve. Nous avons donc réalisé cette opération afin de changer d'échelle : nous allons bénéficier des relations historiques de Molten qui, adossées aux nôtres, devraient nous élargir le carnet d'adresses des grands industriels. Si quelques clients sont communs aux deux entreprises, le chevauchement de la clientèle reste limité. Un grand pas est fait vers le marché nord-américain et surtout britannique, qui représenteront respectivement 17 M$ (11% de notre activité) et 13 M$ (8%) pour nous.

 

Dealmakers. L'accent est donc mis sur l'installation en Grande-Bretagne ?

M. C. Non, pas exclusivement. Houston est une région axée sur l'activité Oil & Gas. Nous faisions déjà 30 M€ de revenus dans le secteur Energy/Utilities avant l'acquisition de Molten. Aujourd'hui, nous récupérons seulement cinq personnes là-bas, donc l'impact sera limité, mais il ne faut pas oublier que le secteur pétrolier a été tiré vers le bas en raison de la chute du prix du baril. On espère que le marché va se réveiller en fin d'année. Sia est aussi au Canada, où nous comptons compléter notre offre par des service utilities. Par ailleurs, passé le spectre géographique, nous couvrons presque tous les secteurs d'activités hormis l'industrie pharmaceutique.

 

Dealmakers. Le marché du conseil en management et stratégie opérationnelle doit-il s'attendre à une nouvelle manœuvre offensive de votre part ?

M. C. Cela fait trois ans de suite que nous délivrons une croissance du chiffre d'affaires supérieure à 20 %. Il faut donc comprendre que notre développement organique est à la fois prioritaire et fort. L'intégration de Molten contribuera à hauteur de 5-6 % des revenus générés cette année, ce qui est modéré. Nos acquisitions ne sont jamais faites pour masquer un manque de croissance organique. Par ailleurs, on se réserve le droit de racheter un concurrent dès lors qu'un segment de marché ou une région ne seraient pas bien couverts. Cela signifie qu'à l'avenir, nous comptons davantage racheter des entreprises de la taille de Molten, plutôt que de réaliser une grande acquisition transformante. Aussi, nous privilégions les pays où nous disposons déjà de bureaux. Il y a clairement des opportunités, nous examinons cinq ou six dossiers stratégiques en permanence.

 

Dealmakers. Pourquoi rajouter des briques stratégiques dans des pays que vous connaissez déjà alors que vous pourriez faire des investissements green field ?

M. C. C'est plus simple – et donc moins risqué – de consolider une position plutôt que d'en construire une en partant de zéro. D'abord, votre propre expérience du terrain vous permet d'envisager les risques et opportunités locales. C'est toujours mieux que des propos rapportés ! Ensuite, la possibilité de réaliser des synergies avec les équipes déjà présentes est un vrai avantage.

 

Dealmakers. Et vous dénichez vos opportunités transactionnelles par vous-même ?

M. C. Oui, les dirigeants de sociétés de conseil en management et stratégie opérationnelle se connaissent pour la plupart, au moins en France. C'est souvent une question d'affinité entre les individus qui permet aux opérations à se faire.

 

FS

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