Alain Juppé et François Fillon s’affrontent sur le numérique
En matière de numérique, c’est à qui fera le plus illusion. Conviés par l’association France Digitale pour une journée placée sous le signe de l’innovation, Alain Juppé (72 ans) et François Fillon (62 ans) ne semblent pas vraiment à l’aise avec le sujet. « J’ai été le premier bloggeur politique, lance l'aîné des deux. Et je tweete parfois tout seul », rajoute-t-il fièrement. «J’aurais aimé être ingénieur, mais un terrible professeur m’a dégoûté des mathématiques en cinquième », confie de son côté le Sarthois, second invité politique de la journée. Il serait même le candidat le plus « connecté » de cette primaire. L’explication : son père « réparait des ordinateurs »… Pas franchement de quoi convaincre les cadors du numérique présents pour l’occasion.
Alain Juppé décevant
C’est in fine sur leurs terrains de prédilection que les deux candidats parviennent à capter l’attention. En matière de fiscalité, Alain Juppé promet davantage de « visibilité » et un « allègement du prélèvement », notamment de l’impôt sur les sociétés, avant de répondre aux questions de la salle (santé, emploi, fiscalité…) parfois bien éloignées de la thématique du jour. « Quand je vous vois, ça me donne des raisons d’être optimiste pour la France », conclut le maire de Bordeaux qui ne perd jamais une occasion de rappeler le dynamisme de sa ville. Une prestation quelque peu décevante pour celui qui a récemment publié une dizaine de propositions dans un ouvrage intitulé Agir pour le numérique.
François Fillon mécanique
Exempt de questions du public, François Fillon a lui mécaniquement déroulé son programme. « Notre pays a besoin de moins d’État et de plus d’outils », martèle le candidat le plus libéral de la primaire. Sur le terrain du numérique, force est de constater qu’il se montre cette fois-ci davantage concret que son adversaire, proposant par exemple la création d’un « haut-commissariat à la transformation digitale » rattaché au Premier ministre, ainsi que la création d’un « fonds spécialisé dans l’innovation ». Convaincu par ailleurs que l’Europe doit jouer un « rôle central », il préconise que l’Union se « recentre sur trois ou quatre points clés », notamment l’innovation et le numérique. « La France ne se redressera pas sans un choc, car le découragement est trop grand », conclut enfin celui qui, depuis le début de la campagne, aime endosser le costume du grand réformateur. Une stratégie gagnante ? Pas sûr. Avec seulement 8 % des intentions de vote (1), François Fillon reste très largement derrière Alain Juppé, donné vainqueur de la primaire avec 40 % des voix.
(1) Sondage Kantar Sofrès One Point publié le 27 septembre par Le Figaro, RTL et LCI.