James Comey, le blâmable
Barack Obama a eu beau le recadrer, il était déjà trop tard. Lorsque le directeur du FBI James Comey rend publique le 28 octobre, soit onze jours avant l’élection présidentielle, la découverte de preuves supplémentaires dans l’enquête sur l’utilisation par Hillary Clinton d’une messagerie privée quand elle était secrétaire d’État, il s’invite dans la campagne.
La portée de nouveaux indices
L’homme de 55 ans a bien précisé qu’il ignorait la portée de ces nouveaux indices faute d’éléments suffisants. Néanmoins, sa propre déontologie le pousse à poursuivre les investigations. Attendre quelques jours aurait des conséquences dévastatrices.
À présent que les bulletins sont dépouillés, impossible de ne pas considérer que cette intervention a pesé dans l’élection de Donald Trump. James Comey le savait, il avait tout anticipé. Le risque d’être mal compris, critiqué, les retombées sur l’institution tout entière, et bien sûr l’impact sur les électeurs américains. Et pourtant, celui qui a été nommé par Barack Obama en 2013 et confirmé par le Congrès y est quand même allé, offrant un argument de plus au rival d’Hillary Clinton. Entre-temps, la défense de la candidate démocrate consistait à faire bonne figure, affichant un visage serein, comme si elle était convaincue que les enquêteurs ne trouveraient aucune preuve de fraude. « C’est très étrange de sortir un dossier pareil avec aussi peu d’éléments à quelques jours de l’élection », déclare-t-elle. En vain.
Droit dans ses bottes
En agissant de la sorte, James Comey reste droit dans ses bottes. Et son curriculum vitæ prouve son attachement à la loi. Avocat chez Gibson Dunn à New York, la ville dont il est originaire, il entre ensuite au bureau du procureur du district puis enchaîne les postes au sein du ministère public jusqu’à devenir procureur général adjoint des États-Unis en 2003. Il occupe alors de fait le poste de numéro deux au DOJ, le Departement of Justice tellement craint par les entreprises européennes. Il entre dans le privé deux ans plus tard, d’abord dans le secteur de l’aérospatial puis pour un fonds d’investissement, Bridgewater Associates, jusqu’à la sollicitation du président des États-Unis. Depuis, même si Barack Obama l’a sèchement sermonné, James Comey continue à bénéficier de son soutien.
Le FBI avait annoncé en juillet dernier qu’il ne poursuivrait pas Hillary Clinton pour l’usage de sa messagerie personnelle dans la gestion des affaires publiques durant son mandat au département d’État américain. C’est donc le patron de l’agence fédérale qui a jugé que l’existence de 30 000 messages électroniques envoyés par la candidate méritait une enquête pour déterminer s’ils contenaient des informations classées secret défense. Pour finalement confirmé sa position de juillet... Si l’impact politique a été incontestable, l’avenir professionnel de James Comey devient incertain.