Longtemps considérées comme relevant d’un modèle managérial et économique dépassé, les entreprises familiales séduisent de nouveau. Mal connues du grand public, elles génèrent pourtant au niveau mondial 70 % du produit intérieur brut (PIB) et représentent 83 % des sociétés françaises. Mais ce qui intéresse le plus les investisseurs et décideurs politiques, c’est la régularité de leur développement, leur force de résilience et leur ancrage territorial. Les valeurs qu’elles véhiculent leur permettent également de jouir d’une excellente réputation auprès des consommateurs.

S’ouvrir

Des qualités qui font de ces structures des acteurs clés de l’emploi d’où l’importance de les accompagner dans leur croissance. Pourtant, de nombreux blocages persistent. En France, peu d’entreprises familiales réussissent ainsi à accéder au statut d’entreprise à taille intermédiaire (ETI). Cette catégorie ne compte dans l’Haxagone que 4 600 sociétés, contre 12 000 en Allemagne et 10 500 en Angleterre. Or, ce sont elles les plus créatrices de croissance et d’emplois. Pour franchir ce cap, elles doivent relever deux défis de taille : la transmission et le financement. Pour l’heure, seuls 14 % des sociétés françaises parviennent à être transmises à un membre de la famille. Pour comparaison, la proportion atteint 70 % en Italie et 51 % en Allemagne. Si le pacte Dutreil a permis de doubler ce seuil, il faut encore aller plus loin dans la simplification et la réduction de la fiscalité. Les participants de notre table ronde en sont convaincus.

 

Du côté du financement, les entreprises familiales sont encore trop dépendantes de l’autofinancement. En France, 28 % d’entre elles n’ont recours qu’à cette solution. Si, pour certaines, il s’agit d’un choix, pour la majorité cela se traduit par un manque de moyens. 58 % sont ainsi à la recherche de modes externes de financement. Et l’endettement bancaire demeure encore trop souvent l’unique alternative. Mais les choses changent : les fonds d’investissement et les Bourses s’intéressent de plus en plus aux entreprises familiales. À elles désormais de répondre à l’appel et de comprendre qu’ouvrir son capital n’est pas synonyme de perte de contrôle même si cela nécessite en amont des réflexions importantes sur leur mode de gouvernance et sur leur actionnariat : l’arrivée de nouveaux managers et investisseurs ne doit en effet pas remettre en cause leurs points forts.

Vincent Paes

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