Agriculteurs, chefs d’entreprise, avocats, médecins, sage-femme ou encore mathématicien ont fait leur rentrée officielle au Palais-Bourbon il y a quelques semaines. Exit les professionnels de la politique. Exit aussi les élus vieillissants. Rajeunie de six ans, l’Assemblée nationale s’offre cette année une véritable cure de jouvence. Exit enfin les partis traditionnels. La droite et la gauche républicaines, plus affaiblies que jamais, ne disposent dorénavant que de 160 sièges, contre plus de 500 en 2011.


Retrouvez cet article dans le Magazine Décideurs de juillet/août

Le pragmatique : Pacôme Rupin

➜ La République en marche

Citoyen engagé dès les bancs de l’Essec, entrepreneur, militant et ancien adjoint au maire du 4e arrondissement, Pacôme Rupin le reconnaît : il s’est toujours « intéressé à la façon dont s’organise la cité ». Surtout, il a toujours préféré le terrain à la théorie et privilégié l’intérêt général sur le dogme partisan. D’où sa décision de rejoindre un temps Jean-Marc Borello au sein du groupe SOS avant de créer Babel 31, une agence de conseil en communication qu’il revend l’an dernier pour rejoindre le mouvement d’Emmanuel Macron. Une décision qui, pour cet ancien militant PS, s’imposera comme une évidence.

Dialogue et concertation

Le seul moyen d’en finir avec les clivages anachroniques qui, depuis des années, pénalisent le pays en opposant droite et gauche, intérêt de l’entreprise et protection du salarié… Progressiste dans sa vision, pragmatique dans son action, En Marche ! lui apparaît comme le seul mouvement capable de répondre aux besoins d’une société qui, aujourd’hui, « exige que l’on sorte du rapport de force pour entrer dans le dialogue et la concertation ». Ce que le nouveau député EM de 32 ans entend bien démontrer à l’échelle de la 7e circonscription de Paris, en instaurant des ateliers citoyens destinés à « développer l’intelligence collective » et, ce faisant, à rappeler chacun à ses responsabilités. Celle de connexion au terrain pour le politique.Celle de participation à l’exercice démocratique pour le citoyen.

 

L’expérimentée : Laurianne Rossi

➜ La République en marche

Emmener le politique à se renouveler et ses méthodes à se réformer, s’engager et se mettre au service des autres… Pour Laurianne Rossi, née dans le Var il y a trente-deux ans et désormais députée LREM de la 11e circonscription des Hauts-de-Seine (Montrouge, Malakoff et Bagneux), la décision de rejoindre LREM s’enracine dans un authentique désir d’action. Après des études de science politique et droit public, elle commence sa carrière comme collaboratrice parlementaire, puis rejoint Paris Habitat-OPH. Chargée d’y faciliter le dialogue entre l’établissement, les collectivités, l’État et les locataires, elle se forme à la médiation et aux politiques du logement. Viendront ensuite l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), dédié aux enjeux de mobilité, puis une grande entreprise du transport public.

Référente

À cette expérience professionnelle solide s’ajoute un goût de l’engagement politique qui, en 2007, la pousse à rejoindre le PS. Quatre ans plus tard, déçue, elle quitte le parti et rejoint Anticor, puis le Conseil économique et social de Boulogne-Billancourt. Lorsqu’En Marche ! fait son apparition dans le paysage politique, elle se reconnaît immédiatement dans ce mouvement qui parle Europe et travail, intelligence collective et dépassement des clivages. En septembre 2016, elle en devient « référente » pour le 92, un département qui, aujourd’hui, totalise 16 000 adhérents.

 

La benjamine : Typhanie Degois

➜ La République en marche

Typhanie Degois est sans doute la meilleure ambassadrice du renouveau souhaité par Emmanuel Macron. À seulement 24 ans, cette passionnée de politique, titulaire d’un master 2 en droit des affaires, est dorénavant la plus jeune députée de l’Hémicycle. Un âge qui n’empêche pas la Savoyarde d’être l’un des soutiens les plus fidèles du Président.

Tour de force

Dès 2015, elle prend fait et cause pour Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Convaincue du caractère « révolutionnaire » de la loi de modernisation de l’économie qu’il porte et de sa capacité à « transcender les clivages politiques », Typhanie Degois rejoint très vite « les jeunes avec Macron ». Après avoir soutenu le leader d’En Marche ! lors de la présidentielle, cette ancienne membre de l’UDI est naturellement investie par LREM pour mener campagne dans la première circonscription de Savoie. En l’emportant face à Dominique Dord, figure des Républicains, député sortant élu sans interruption depuis 1997, Thyphanie Degois signe sans doute l’un des tours de force les plus remarquables de ces élections législatives. Figure emblématique du renouveau politique, la jeune députée n’aura qu’une obsession : réintégrer les citoyens dans la prise de décision.

 

La discrète : Sabine Rubin

➜ La France insoumise

C’est un petit exploit que la discrète candidate de La France insoumise vient d’accomplir dans la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis (93). En ballottage défavorable à l’issue du premier tour avec 19 % des voix, loin derrière Jeanne Dromard de La République en marche (31,6 %), Sabine Rubin est parvenue à se faire élire dans l’ex-fief de Claude Bartolone avec 52,3 % des suffrages grâce au plein report des voix des électeurs des candidats du PS ou du PCF. « Citoyenne engagée », elle s’était déjà présentée aux législatives sous les couleurs du Parti humaniste pour une « candidature de témoignage » en 2007 et aux municipales en 2014 sur la liste « Les Lilas autrement ». Cette habitante de la ville fleurie a, cette fois, trouvé dans la France insoumise « un espace » correspondant à ses « valeurs de gauche ».

Expertise citoyenne

Elle a, en revanche, dû aller chercher le soutien d’Europe Écologie-Les Verts en rappelant sa mobilisation sur les questions « sociales, urbaines et environnementales » ainsi que sa volonté de s’appuyer sur « l’expertise citoyenne du monde associatif ». À l’aube de ses 57 ans, cet agent de la fonction publique territoriale qui œuvre à tisser des liens « entre les entreprises et les établissements scolaires » entre ainsi à l’Assemblée pour représenter un département qui a offert quatre députés à La France insoumise.

 

Le dévoué : Pierre Person

➜ La République en marche

À 27 ans, Pierre Person est très certainement l’un des plus fervents soutiens du président de la République. En 2015, il cofonde « les jeunes avec Macron ». Rassemblant 350 000 membres lors de la présidentielle, le collectif aura largement contribué à la victoire du leader d’En Marche ! le 7 mai dernier.

Fier de défendre

Fraîchement élu député de la 6e circonscription de Paris, ce « marcheur » titulaire d’un diplôme de droit à la faculté de Poitiers n’a pourtant jamais caché son passé de militant socialiste. En 2007, il participe même à la campagne de Ségolène Royal. Mais en 2012, lorsqu’il déménage à Paris pour des raisons professionnelles, Pierre Person quitte le parti à la rose dont l’appareil est, selon lui, trop rigide, et les préoccupations trop éloignées de la réalité des Français. « Fier de défendre le programme d’Emmanuel Macron », le juriste se fait néanmoins remarquer entre les deux tours en refusant de débattre avec son adversaire – la candidate de la France insoumise –, s’attirant ainsi les foudres des soutiens de Jean-Luc Mélenchon. Un événement qui ne l’empêche pas de l’emporter le 18 juin. Décidé à porter les idées d’Emmanuel Macron – « l’équilibre parfait entre davantage de liberté dans tous les domaines et plus de protection pour les plus faibles » –, Pierre Person a déclaré qu’il se consacrerait entièrement à son travail parlementaire.

 

L’homme d’expérience : Bruno Bonnell

➜ La République en marche

« Il m’était impossible de laisser mon territoire passer dans l’opposition », confie Bruno Bonnell au lendemain de sa victoire écrasante (60 %) face à Najat Vallaud-Belkacem dans la circonscription de Villeurbanne. Peu connu du grand public, le cofondateur d’Infogrames (société spécialisée dans l’édition et la distribution de jeux vidéo) est pourtant une référence en matière de nouvelles technologies.

Promouvoir la robotique

Actuellement à la tête de Robopolis, une entreprise de robotique personnalisée, l’ex-ingénieur d’affaires est aussi à l’initiative du premier fonds d’investissement consacré au secteur. Une expertise qui lui a valu d’être sollicité par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, pour diriger le plan « France robot initiative » visant à promouvoir la robotique dans le développement économique du pays. Une collaboration qui semble avoir séduit le serial entrepreneur. Soutien actif du leader d’En Marche ! lors de la présidentielle, Bruno Bonnell décide de poursuivre l’aventure dans le cadre de la circonscription du Rhône. Fin connaisseur du monde de l’entreprise et de ses rouages, celui qui est également président du conseil d’administration d’EMLyon Business School, espère mettre à profit son expérience lors des débats autour de la réforme du travail promise par Emmanuel Macron. Convaincu que « "le technochômage" est un mythe », l’homme espère prouver au reste de l’Hémicycle que les technologies numériques sont, au contraire, d’importantes sources d’emplois.

 

Le savant : Cédric Villani

➜ La République en marche

Cédric Villani est aujourd’hui le plus populaire et le plus médiatique des mathématiciens français. Émissions, chroniques, conférences, débats… le scientifique au look baroque, qui a remporté la prestigieuse médaille Fields en 2010, s’emploie à vulgariser la science pour la rendre accessible à tous.

Européen convaincu 

S’il n’est pas un professionnel de la politique, l’homme n’est pas tout à fait novice en la matière. En 2014, il participe activement à la campagne d’Anne Hidalgo, dont il dirige le comité de soutien en vue des municipales. Pas question pour autant d’afficher une étiquette socialiste. Véritable centriste, celui qui affirme avoir voté pour François Bayrou en 2007 ne s’est jamais reconnu dans le clivage droite/gauche. Rapidement séduit par le projet d’Emmanuel Macron, c’est avant tout pour ses prises de position pro-européennes que l’enseignant décide de soutenir le leader d’En Marche !. Rappelant régulièrement le caractère mathématique de la plupart des grands sujets d’actualité – robotique, intelligence artificielle, changement climatique… –, Cédric Villani le sait : « le regard d’un scientifique pourra s’avérer précieux dans la prise de décision ». Au niveau local, l’agrégé a d’ores et déjà déclaré qu’il s’attellerait en priorité au développement du plateau de Saclay, « un enjeu à la fois scientifique, économique, écologique et éducatif »

 

Le champion : Sylvain Maillard

➜ La République en marche

Sylvain Maillard n’aura pas eu besoin d’un second tour pour obtenir sa place dans l’Hémicycle. Candidat dans la première circonscription de Paris, l’ex-porte-parole d’Emmanuel Macron l’emportait dès le 11 juin avec 50,8 % des voix.

Du pragmatisme

Membre de la société civile, l’homme connaît aussi bien le monde de l’entreprise que la sphère politique. Dès 1995, alors qu’il n’a que 22 ans, Sylvain Maillard participe activement à la campagne de Jacques Chirac. Se revendiquant « centriste de cœur », l’entrepreneur rejoint très vite les rangs de l’UDF, du Nouveau Centre puis de l’UDI, dont il devient membre du bureau politique en 2015. « Je ne suis pas un professionnel de la politique car elle ne me permet pas d’en vivre », rappelle celui qui a également occupé plusieurs fonctions au sein de la mairie du 9e arrondissement de la capitale. Ce qu’il souhaite apporter à l’Assemblée nationale ? Du pragmatisme. « L’expérience d’un chef d’entreprise ancré dans la vie réelle », a-t-il confié au Parisien au lendemain de son élection. Il espère notamment mettre son expertise au service de certaines réformes qui lui tiennent à cœur, comme celles de la formation professionnelle ou de Pôle emploi. Au niveau local, le député de Paris aurait déjà plusieurs idées, notamment en matière de politique touristique.

 

La brillante : Laetitia Avia

➜ La République en marche

Ce qui définit Laetitia Avia ? Elle réussit tout ce qu’elle entreprend avec une humilité déconcertante. Issue des banlieues nord de la capitale, cette trentenaire d’origine togolaise aux résultats scolaires irréprochables dès son plus jeune âge intègre Sciences-Po via les conventions d’éducation prioritaire mises en place au début des années 2000.

Une excellente avocate

Très vite repérée par l’avocat Jean-Michel Darrois, elle rejoint son cabinet – l’un des plus prestigieux du pays – comme stagiaire, puis comme avocate. Reconnue aussi bien pour l’excellence de son travail que pour la douceur de son caractère, la jeune femme participe en 2008 à la commission Darrois. L’objectif : envisager une réforme de la profession d’avocat. Un événement majeur de sa carrière. Et pour cause : elle y rencontre un certain Emmanuel Macron, alors rapporteur de la commission. Lorsque celui-ci lance son propre mouvement six années plus tard, c’est quasi naturellement que l’avocate, qui, de son côté a créé son cabinet l’année dernière, lui propose son aide. Arrivée en qualité de juriste, elle intègre finalement la très stratégique commission nationale d’investiture d’En Marche !. En constatant le peu de candidates aux législatives, elle se jette finalement à l’eau. Élue au second tour avec 65 % des voix dans la huitième circonscription de Paris, Laetitia Avia devrait prendre part aux débats autour de la réforme du droit et des questions liées à la diversité.

 

Le stratège : Bruno Bilde

➜ Front national

En décrochant sa place au Palais-Bourbon, Bruno Bilde passe de l’ombre à la lumière. Inconnu du grand public, ce proche de Marine Le Pen n’en est pas moins l’un des piliers du FN. Chef de cabinet, directeur de la communication de la campagne en 2012, conseiller spécial… ce fin connaisseur des rouages de la politique est également un homme d’intuition.

Artisan de la stratégie de dédiabolisation

C’est lui qui, en 2007, convainc la présidente du parti de s’implanter à Hénin-Beaumont, cette ville du Nord, historiquement de gauche, devenue en moins de dix ans un véritable fief mariniste. Adjoint au maire chargé des affaires générales et juridiques, l’homme est également conseiller régional depuis 2010. Frontiste de la première heure, Bruno Bilde rejoint les rangs du parti de Jean-Marie Le Pen dès l’âge de 15 ans. Artisan de la stratégie de dédiabolisation du FN, ce juriste a indiqué vouloir faire de la défense du monde ouvrier sa priorité. Un sujet qu’il défendra aux côtés des sept autres députés d’extrême droite, notamment Gilbert Collard, Marine Le Pen, Louis Aliot et Emmanuelle Ménard, l’épouse du maire de Béziers. S’il n’a jamais été aussi représenté à l’Assemblée nationale, le parti qui avait remporté 21,3 % des voix au premier tour de la présidentielle signe pour ces législatives un score largement en dessous de ses attentes.

 

Lire Les nouveaux visages de l'Assemblée nationale (2/2)

 

Caroline Castest, Capucine Coquand, Quentin Lepoutre, Vincent Paes, Gatien Pierre-Charles, Augustin Robert

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