Quatre mois seulement après son élection, seuls 40 % des Français se déclarent satisfaits par l’action d’Émmanuel Macron. Une impopularité record qui ne semble pour l’heure profiter à aucun parti d’opposition.

La chute est historique. Le Président qui avait obtenu 65, 9 % des voix au second tour face à Marine Le Pen en avril dernier ne semble dorénavant plus convaincre les Français. Seuls 40 % d’entre eux sont satisfaits par son action, selon un sondage publié par le JDD, le 27 août. En 2012, à la même période, 54 % jugeaient favorablement la politique de François Hollande. « Nous devons attendre de voir comment la popularité d’Émmanuel Macron évoluera sur la durée, nuance Brice Teinturier à l'occasion de l'université d'été du Medef. Il n’est pas encore englué comme l’était son prédécesseur. » Une baisse de popularité néanmoins conséquente pour le chef de l’État qui n’aurait rien de surprenante. D’abord, parce que depuis le début de l’été, le Président multiplie les déclaration impopulaires — hausse de la CSG, baisse des APL… . Ensuite, parce que son socle électoral est fébrile, volatile. « Beaucoup d’électeurs ont fait avec Emmanuel Macron, un choix par défaut et non un choix d’adhésion, appelle Virginie Martin, présidente du think tank Different. Sa ligne directrice n’est pas précise lors de la campagne. Elle ne l’est pas plus aujourd’hui. »

L’abstention

Face à une droite en plein conflit interne, à une gauche en perdition, vers qui, les déçus de la politique d’Emmanuel Macron se tourneront-ils ? Pour Virginie Martin, la situation profiterait d’abord à l’abstention et à n’importe quelle forme de protestation, comme la radicalité. « Les seules oppositions qui existent dorénavant face à la majorité sont les extrêmes, regrette-t-elle. Effacer le clivage gauche/droite était une illusion. L’alternance garantissait notre démocratie. » Difficile en effet pour les partis traditionnels de peser dans le débat public. Et pour cause : à droite comme à gauche, les personnalités les plus centristes ont d’ores et déjà rallié Emmanuel Macron. Les autres, sont dorénavant assimilés d’un côté au FN, de l’autre à l’extrême gauche. « Les partis aujourd’hui ne remettent pas à plat les bonne questions, estime Virignie Martin. Plus personne ne nous dit ou on va. »

« Incarner une droite authentique »

Pour Valérie Pécresse, figure emblématique des Républicains, « la bonne stratégie pour regagner la confiance des électeurs, c’est d’incarner une droite authentique : ni soumise à Macron, ni poreuse avec le FN ». Consciente que le fondateur de la République en marche « sera toujours plus rassembleur qu’une droite recroquevillée sur sa frange conservatrice », la présidente de la région Île-de-France mise sur une droite « bien dans ses valeurs, mais aussi bien dans son époque ». Son mouvement « Libre ! », créé il y a quelques mois, serait ainsi une « ultime tentative » pour conserver l’unité de la droite. D’autres au sein du parti, se montrent plus offenifs. C’est le cas de Laurent Wauquiez. « Emmanuel Macron n'a pas d'idéologie, pas de boussole, pas de valeurs », lançait au début de l’été, celui que certains voient comme le nouveau leader de la droite.

Opposition frontale pour la France Insoumise 

Du côté de la France insoumise, l’heure est à une opposition frontale, sans équivoque.« Nous proclamons en septembre la mobilisation générale contre le coup d’Etat social d’Emmanuel Macron », peut-on lire sur son compte Twitter. « Nous ne participerons ni demain ni après-demain à quelques tambouille que ce soit avec qui que ce soit. » Une stratégie payante. La preuve : pour 54 % des Français, Jean-Luc Mélenchon serait le plus à même d’incarner l’opposition face à Emmanuel Macron. Le gouvernement a quant à lui tenté de justifier son impopularité.  « Jusqu’à présent, nous étions comptables d’engagements pris par d’autres et bien souvent non financés », explique le Premier ministre face à la presse quelques minutes après la rentrée du gouvernement, le 28 août dernier. 

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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