Gérard Cherpion, le député Les Républicains à l’origine de la loi du 28 juillet 2011 « pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels », regrette que les mesures annoncées par le gouvernement pour réformer l’apprentissage ne prennent pas en compte la question de l’orientation. Celle-ci doit, selon lui, davantage intégrer le monde de l’entreprise.

Décideurs. Considérez-vous, comme le gouvernement, que l’apprentissage doit être aujourd’hui plus attractif ?

Gérard Cherpion. Tout à fait. C’est d’ailleurs ce que j’ai tenté de faire avec la loi de 2011. Pour cela, il faut s’occuper de l’orientation. Celle-ci est aujourd’hui pilotée par l’Éducation nationale à travers des psychologues, qui, tout aussi compétents qu’ils soient, ne sont ni des hommes ni des femmes d’entreprise. Avec cette logique, on envoie un certain nombre de jeunes dans le mur. Or, dans les propositions qui sont faites aujourd’hui, il n’est pas question d’orientation. Tout comme il n’est pas question de la réforme des lycées professionnels.

L'entreprise doit dont être présente dans les établissements scolaires selon vous ?  

Je pense qu’il faut ouvrir les centres d’information et d’orientation. Ceux-ci doivent se composer d’enseignants, de chefs d’entreprise, de parents d’élèves, d’experts. L’orientation doit intégrer l’entreprise, et ce, dès le collège. Nous devons offrir aux jeunes une palette de métiers et les moyens d’y accéder. En Allemagne, l’apprentissage est bien plus développé. Mais il faut bien comprendre que ce sont les professionnels qui sélectionnent les jeunes par rapport à leur envie, leurs acquis et leur volonté. En France, beaucoup de jeunes ne connaissent même pas l’existence de certains métiers.

Les propositions annoncées par l’exécutif, comme l’extension de la limite d’âge à trente ans, visent à simplifier l’accès à l’apprentissage, vont-elles dans le bon sens, selon vous ?

La mesure concernant l’âge de l’apprenti n’a rien d’extraordinaire, puisque depuis la loi El Khomri, les régions ont la possibilité de l’étendre. Dans le Grand Est par exemple, nous avons élevé la limite d’âge à 30 ans il y a déjà deux ans. Cette mesure, tout comme l’augmentation de la rémunération mensuelle des apprentis, est purement financière et n’encourage pas les jeunes, dans le fond, à se tourner vers l’apprentissage. Ce qui est en jeu, c’est avant tout l’attractivité des métiers.

Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à la mise en place d’un service national obligatoire. Est-ce une bonne chose ?  

Pour l’instant, je reste patient. Le gouvernement n’a pas l’air décidé sur le point de savoir si ce service sera véritablement obligatoire. Quoi qu’il en soit, je crois que les jeunes Français sont généreux et capables de s’engager pour le service qu’ils veulent rendre. Comment, par ailleurs, financera-t-on ce service sans creuser un peu plus la dette du pays ? Et si l’objectif est d’en faire un outil d’intégration et de lutte contre la délinquance, je pense qu’on se trompe. Cela passe avant tout par l’éducation, par la possibilité d’avoir un emploi et un logement.

La droite républicaine peine aujourd’hui à se faire entendre. Quelle ambiance règne-t-il au sein de votre groupe ?

Pour ma part, je tiens mes engagements : je ne suis pas dans une opposition frontale, mais dans la prise en compte des projets proposés. Une position qui m’a notamment amené à défendre devant l’Assemblée les ordonnances de la réforme du travail. Il existe dans notre groupe une grande liberté de ton. Chacun est responsable de son propre vote. Nous n’avons jamais eu d’injonction à voter pour ou contre certaines mesures.

 

Propos recueillis par Capucine Coquand

 

 

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