À l’occasion du congrès de « refondation » du Front national des 10 et 11 mars, Marine Le Pen, proposant de renommer le parti, le « Rassemblement national », tente, après s’être éloignée plusieurs mois de la vie médiatique, de revenir dans le jeu politique.

Terminé le positionnement « ni de droite ni de gauche ». Le parti de Marine Le Pen, qui, pour la campagne présidentielle avait ouvert son périmètre de réflexion, semble aujourd'hui se recentrer sur ses thématiques de prédilection. Sécurité, identité nationale, immigration… La présidente n’a, lors du congrès de « refondation » des 10 et 11 mars, oublié aucun de ses sujets phares. « C’est sur eux que le parti s’est construit et qu’il continue de se distinguer des autres formations politiques », note Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste des questions d’extrême droite. Un retour aux fondamentaux stratégique selon l’expert. « C’est la meilleure tactique qui soit pour le FN, estime-t-il. On l’a vu lors de la présidentielle, lorsque Marine Le Pen se positionne sur le terrain économique, Emmanuel Macron est à son avantage. »

Un nom « assez banal »

Consciente que certaines transformations structurelles sont à opérer pour s’adapter à la nouvelle donne politique, Marine Le Pen se pose en réformatrice et annonce le changement. À commencer par l’appellation du parti, qui, si les militants y sont favorables, deviendra le « Rassemblement national ». « Le nouveau nom que je souhaite pour le Front national doit exprimer le soutien à la nation et l’appel au rassemblement », précise la présidente. Une évolution minime, le nom proposé n’ayant rien de révolutionnaire. « Il est assez banal, estime Pierre-Yves Camus. Il fait d'ailleurs référence à un épisode positif pour le Front national » L’épisode en question ? Celui des législatives de 1986, lorsque, pour la première fois, des élus FN entrent à l’Assemblée nationale au sein du groupe « Front national – Rassemblement national ». « On retrouve les deux piliers du parti : la nation et le rassemblement », poursuit-il.

Le FN peine à retrouver une place

En perte d’influence depuis son échec à la présidentielle et aux législatives  ̶  n’obtenant que six sièges à l’Assemblée nationale, bien loin des quinze attendus qui lui auraient permis de constituer un groupe  –, le parti de Marine Le Pen peine à retrouver une place dans l’échiquier politique. D’une part, parce que, à droite, Laurent Wauquiez, surfe sur les thématiques emblématiques du FN. D’autre part, parce que Florian Philippot, qui incarnait l’aile la plus modérée du parti, a choisi, après avoir affiché certains désaccords quant à la ligne politique de Marine Le Pen, de quitter sa famille pour fonder son propre mouvement : Les Patriotes. « Ce départ n’affecte pas le parti comme cela avait été le cas avec celui de Bruno Mégret à la fin des années 1990 », tempère toutefois le politologue. Le Front national pourra-t-il retrouver de la crédibilité auprès de ses sympathisants ? « Le vrai test sera celui des prochaines élections européennes en mai 2019 », prévient l’expert. Affaire à suivre.

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail