Institutions, services publics : ce que veut changer Emmanuel Macron
Feu rouge pour le vote blanc : Emmanuel Macron a admis que la reconnaissance du vote blanc est un élément qui est souvent revenu dans la bouche des participants au grand débat. S’il s’est dit « tenté par cette option », il a choisi de ne pas la retenir. Selon lui, reconnaître le vote blanc est « trop facile. Blanc ne résoudra aucun problème ».
Vote obligatoire aux oubliettes : faut-il rendre le vote obligatoire ? Non, répond Emmanuel Macron. « Je ne retiendrai pas cette option. On ne répondra pas à la crise démocratique par la contrainte », estime le chef de l’État pour qui, « une fois que l’on a instauré l’obligation, il est très difficile de la faire respecter ».
Oui au RIP, non au RIC : l’acronyme RIC (référendum d’initiative citoyenne) est présent sur le dos de nombreux gilets jaunes. Mais Emmanuel Macron qui estime que cela « remet en cause la démocratie participative », a émis une fin de non-recevoir. En revanche, il souhaite « aller plus loin dans le référendum d’initiative populaire ». Lancé il y a onze ans, il reste difficile à mettre en place. Le président souhaite en simplifier les règles. Un million de citoyens pourraient l’enclencher.
Réformer le CESE : Le conseil économique social et environnemental (CESE), aux attributions floues, devrait être réformé en profondeur. Emmanuel Macron souhaite réduire le nombre de membres et y introduire « des citoyens tirés au sort », tout en élargissant ses compétences : « Je souhaite que ce conseil puisse reprendre les compétences de plusieurs comités. » Dès juin, « 150 citoyens seront tirés au sort. Nous commencerons à innover et à mobiliser l’intelligence collective. »
Décentralisation : « Je souhaite ouvrir un nouvel acte de décentralisation », a affirmé Emmanuel Macron. Celui-ci devrait donner plus de compétences aux collectivités territoriales en matière de logement, de transports et de transition écologique. Le président a égratigné les réformes précédentes en la matière, les qualifiant « d’imbroglio terrible » manquant de « transfert démocratique ».
Réforme de la fonction publique : l’art du « en même temps » est toujours maîtrisé par Emmanuel Macron qui ne souhaite pas « supprimer telle ou telle chose pour faire des symboles », tout en affirmant que « notre haute fonction publique ne peut être tenue à l’écart d’une modernisation indispensable ».
Le chef de l’État s’est montré critique envers la haute fonction publique actuelle « qui ne ressemble pas à la société, à ce que nous sommes » « qui n’est plus une filière méritocratique car nos modes de recrutements créent des biais ». Selon lui, la mixité dans la haute administration, trop centralisée à Paris « a reculé ces dernières années ».
Emmanuel Macron a dressé le tableau de la haute fonction publique idéale. Elle disposerait « de plus d’expérience sur le terrain », serait « plus ouverte à l’international et aux personnes issues du privé ». Cela nécessite « de gérer les carrières différemment », « de créer des passerelles et des règles de déontologie strictes ». C’est Frédéric Thiriez, ancien président de la Ligue de football professionnelle qui sera chargé de proposer des pistes concrètes.
Services publics de proximité : Non, Emmanuel Macron n’a pas l’intention de s’en prendre aux services publics. Aucune crèches, écoles, hôpitaux ne seront fermés sans l’avis du maire de la commune concernée. Le président a également promis de « développer des campus connectés dans les villes moyennes » et de déployer plus de « personnel sur le terrain pour régler des problèmes concrets ». Il souhaite créer d’ici à la fin du quinquennat, dans chaque canton, « des maisons de services publics comme cela se fait au Canada ». Baptisées France Service, elles regrouperaient Caf, pôle emploi et services municipaux. Le premier ministre présentera un plan détaillé sur le sujet le mois prochain.
Le président de la République a également promis « une part significative de proportionnelle », une « limite du nombre de mandats dans le temps », « des procédures plus rapides et plus adaptées aux contraintes actuelles », ainsi qu’une « réduction du nombre de parlementaires ».
Lucas Jakubowicz